Survie

Tribune collective : " Il nous faut sortir le processus de décolonisation de l’ornière"

Publié le 21 novembre 2023 (rédigé le 21 novembre 2023) - collectif, Survie

Alors que se tient un bref débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, sur la politique africaine de la France, un collectif appelle à « s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français » et à cesser de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes. « Il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet et de sortie française inconditionnelle du franc CFA. »

Un bref débat sans vote, en fin d’après-midi à l’Assemblée nationale puis au Sénat : voilà ce que la République française propose de mieux, en matière de débat démocratique, sur sa politique africaine – au moment même où celle-ci connaît une contestation populaire sans précédent depuis la période des indépendances en Afrique et où l’armée française tente vaille que vaille de retirer son matériel et ses soldats du Niger.

Dans une tribune publiée en janvier 2020 à l’occasion du Sommet de Pau, emblématique de l’incapacité des autorités françaises à penser leur rôle autrement qu’avec l’orgueil qu’implique une posture coloniale, nous prévenions : la présence militaire française au Sahel, prétendant apporter une « vaine solution militaire à des problèmes politiques et sociaux » ne pouvait que nourrir ce qui commençait à être qualifié de « sentiment "anti-français" » dans les rédactions parisiennes et couloirs du Quai d’Orsay. Un an plus tard, l’aviation française bombardait les abords du village malien de Bounti, tuant une vingtaine de civils qu’elle prétend toujours être des « terroristes », en dépit des conclusions inverses de l’ONU. Deux mois après, les intérêts français étaient pris pour cibles dans des émeutes au Sénégal. En novembre 2021, il y a deux ans quasi jour pour jour, une colonne militaire destinée à ravitailler l’opération Barkhane était bloquée par une foule hostile : d’abord au Burkina Faso puis au Niger, où l’armée française se dégageait en ouvrant le feu. Elle est accusée d’avoir tué trois personnes et mutilé une dizaine d’autres manifestants – un crime colonial qu’elle nie comme tant d’autres.

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