Amaryllis ne contribue pas à stopper le génocide qui commence : les soldats français ne prêtent pas main-forte aux Casques bleus du général Dallaire. Malgré les obligations qui lui incombent à la suite de la signature de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, la France n’envoie des troupes que pour rapatrier ses ressortissants, les Européens et des Rwandais, quasiment tous des proches du régime Habyarimana.
Dans son rapport de fin de mission, le colonel Poncet, commandant l’opération Amaryllis, souligne que, conformément aux directives reçues de l’état-major des armées, il a eu le « souci permanent de ne pas montrer [aux médias] des soldats français limitant l’accès aux seuls étrangers des centres de regroupement sur le territoire du Rwanda [...] ou n’intervenant pas pour faire cesser des massacres dont ils étaient les témoins proches ».
Poncet lui-même, tout comme le lieutenant-colonel Maurin, conseiller du chef d’état-major des FAR, se montre totalement indifférent au sort des Rwandais repoussés par ses hommes vers une « barrière » de tueurs située près de l’aéroport, comme en témoigne le colonel belge Jean-Loup Denblyden. Ce dernier, officier de liaison entre Silver Back (l’opération d’évacuation menée par la Belgique) et Amaryllis finit par obtenir que ces Rwandais soient accueillis dans la zone sous contrôle belge de l’aéroport, d’où ils sont évacués (Rapport Mucyo, annexes, témoin 51, p. 118. Cité par Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi, § 13.3.2).
Le 21 avril 1994, le Conseil de sécurité des Nations-Unies vote à l’unanimité la diminution des effectifs de la MINUAR à 270 hommes. Le représentant français ne fait pas exception. La « communauté internationale » abandonne les Rwandais tutsi à leur sort.