Le soutien français empêche l’effondrement militaire du régime du président Habyarimana. Le général Quesnot l’indique implicitement à François Mitterrand dans une note du 23 février 1993. Le chef de l’état-major particulier constate en effet que la « stratégie indirecte d’appui aux forces armées rwandaises n’est plus suffisante ». Il préconise quatre options, dont la troisième sera finalement retenue : « intervenir fortement en soutien à l’armée rwandaise » pour « renverser le rapport de force [...] par un apport logistique puissant et une implication de conseillers et d’artillerie à la hauteur de notre détermination », mais sans participer aux combats (nous savons aujourd’hui qu’il n’en a rien été).
L’effondrement militaire probable du régime Habyarimana au début de 1993 est reconnu par la Mission d’information parlementaire qui écrit dans son rapport (p. 156) : « Après l’offensive généralisée du FPR, le 8 février [1993], l’armée rwandaise, totalement démoralisée, ne contrôle plus la situation ».
C’est alors que le colonel Didier Tauzin reçoit sous ses ordres le détachement Chimère, composé de la totalité des militaires du DAMI et d’une vingtaine d’officiers et de spécialistes du 1er RPIMA venus de France. « D’après les documents recueillis par la Mission, l’objectif du détachement était d’encadrer indirectement une armée d’environ 20 000 hommes [l’armée rwandaise] et de la commander indirectement. »
L’action de ce détachement rétablit la situation et empêche la déroute annoncée des FAR, comme le constatent les parlementaires : « [...] la seule présence française a entraîné une reprise de confiance quasi-immédiate parmi ces dernières, et corollairement, face à cette « nouvelle pugnacité » des FAR, l’inquiétude du FPR, qui tentera en vain jusqu’au cessez-le-feu du 9 mars [1993], d’améliorer ses positions ». Le régime Habyarimana était sauvé.