Survie

Lettre ouverte au Président, par le collectif « Secret Défense, un enjeu démocratique »

Publié le 14 décembre 2017 - collectif « Secret Défense »

Nous publions ici la lettre ouverte du collectif « Secret Défense, un enjeu démocratique » (constitué en septembre et qui organisait le 6 décembre une conférence de presse), dont Survie est membre, suite aux déclarations d’Emmanuel Macron à Ouagadougou concernant les archives relatives à l’assassinat de Thomas Sankara.

Monsieur le Président de la République,

Le Collectif « SECRET DEFENSE, UN ENJEU DEMOCRATIQUE » prend acte avec espoir de votre décision de déclassifier tous les documents français classifiés dans le dossier de l’assassinat de Thomas SANKARA.

La chronologie des affaires à travers l’Histoire depuis 1944 au moins, démontre la constance des blocages dans le temps, par la notion de SECRET-DÉFENSE, qui est utilisée de façon très large dans notre pays. Aussi, notre collectif souhaite que vous puissiez nous recevoir pour évoquer avec vous, à la fois, les obstacles que nous rencontrons, leurs conséquences et la nécessaire évolution juridique de cette notion de SECRET-DÉFENSE et de son contrôle pour la rendre compatible avec la Convention Européenne des Droits de l’Homme et les nécessités impératives de transparence d’un Etat démocratique.

Notre collectif, qui a encore vocation à s’élargir, réunit :

  • des familles et proches de victimes d’affaires criminelles, engagées aujourd’hui dans une dizaine de procédures judiciaires dans lesquelles le secret-défense compromet la manifestation de la vérité,
  • des historiens et historiennes confrontés au refus de l’Etat et de l’administration de communiquer des documents historiques, qui se trouvent entravés dans leurs recherches scientifiques
  • des journalistes, dont certains risquent leur vie en s’engageant au service du droit à l’information des citoyens
  • des membres d’associations à l’initiative d’actions judiciaires et de débats d’intérêt général, qui se heurtent au manque de transparence

Affaires regroupées par le collectif, et signataires :

  • Le massacre des tirailleurs « sénégalais » au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944 : Armelle Mabon, historienne, et les familles des victimes
  • L’assassinat du magistrat Bernard Borrel à Djibouti, le 18 octobre 1995 : Elisabeth Borrel, sa veuve ; André Lucas et Claude Chennevière, co-présidents du Comité de soutien à Elisabeth Borrel
  • L’assassinat de Robert Boulin, ministre en exercice, le 29 octobre 1979 : Fabienne Boulin, sa fille, présidente de l’association "Robert Boulin - Pour la vérité"
  • Le naufrage du chalutier breton "Bugaled Breizh", le 15 janvier 2004 : Dominique Launay, président, et Jacques Losay, de l’association "SOS Bugaled Breizh"
  • Le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 : François Graner, de l’association "Survie"
  • La « disparition » de l’universitaire Maurice Audin en Algérie en 1957 : Henri Pouillot, président de "Sortir du colonialisme"
  • L’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka à Paris, le 29 octobre 1965 : Bachir Ben Barka, son fils, président de "Institut Ben Barka – Mémoire vivante"
  • Les massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945, et à Paris, le 17 octobre 1961 : Medhi Lallaoui, président de "Au nom de la mémoire"
  • L’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et de ses compagnons, le 15 octobre 1987 : Aïda Kiemde et Bruno Jaffré, du réseau "Justice pour Sankara, justice pour l’Afrique"
  • La destruction en vol au-dessus d’Ustica, en Italie, d’un avion de ligne, le 27 juin 1980 : Rambaldo degli Azzoni, du "Comité français pour Ustica"
  • L’enlèvement et l’assassinat au Mali des envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013 : Danièle Gonod, présidente, et Pierre-Yves Schneider, de l’association "Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon"

Nous vous prions d’agréer, monsieur le Président de la République, l’expression de notre respectueuse considération.

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