Survie

"La santé : un bien public ?" Interview de François-Xavier Verschave

Publié le 29 décembre 2004 - Pierre Caminade

RFI, France, 29 décembre 2004.

Quelle doit être la place de la santé dans l’économie des pays ? La réponse de François-Xavier Verschave, président de Survie, qui vient de diriger l’ouvrage La santé mondiale, entre racket et bien public aux éditions Charles Léopold Mayer.

Ceci est la transcription de la chronique radio Tropique Santé

La santé est-elle un bien de consommation comme un autre, qui doit par conséquent être soumis aux lois du marché ou est-ce un bien public qui doit être offert coûte que coûte ? Une question dont la réponse ne fait aucun doute pour François-Xavier Verschave, membre fondateur de l’association Biens publics à l’échelle mondiale.

F.-X. V.« la santé comme bien public c’est un choix de société. En Europe depuis le milieu du XIXème siècle, il y a eu tout un mouvement qui a abouti à ce que la santé devienne un véritable bien public. Et cela fonctionne bien mieux qu’un système comme celui des Etats Unis. Là-bas, en dépensant en moyenne pour la santé deux fois plus par personne qu’en Europe, on a des indicateurs généraux de santé, dans les maladies, dans l’espérance de vie par exemple, qui sont parmi les plus mauvais des pays développés. »

La santé doit donc être extirpée des lois, souvent contournés d’ailleurs, du marché mais pour François Xavier Verschave cela ne suffit pas. Les médicaments doivent être considérés comme des biens publics dès leur conception.

F.-X. V.« Les médicaments, c’est de la connaissance accumulée, ce sont des découvertes scientifiques. On s’aperçoit que dans la conception d’un médicament, il y a en général 95% de recherche publique et peut-être 4 à 5% de recherche privée. Et l’industrie pharmaceutique capte cette différence pour se situer comme une espèce de bureau de péage qui va toucher tous les bénéfices possibles d’une recherche en grande partie publique ! Si la connaissance devient privatisée c’est un recul extraordinaire de la civilisation et de l’humanité. Alors bien sûr il y a le problème du financement de la recherche mais il existe des solutions alternatives comme le téléthon. »

Quitte donc à organiser de grandes collectes publiques comme le théléton, c’est l’ensemble de la chaîne sanitaire qui devrait être prise en charge par la collectivité.

Tout le monde ne partagera pas les visions de François-Xavier Verschave. Ce qui est sûr en tous cas, c’est qu’à l’heure où plus de 10 millions d’enfants meurent chaque année de maladies bénignes dans le monde, il est grand temps de trouver des solutions, fussent-elles radicales.

Par Ziad Maalouf

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