Appel des organisations de la société civile africaine aux candidats à l’élection présidentielle en France
Lu lors de l’ouverture du Colloque du Sommet citoyen France-Afrique, le 12 février 2007 à Paris
Alors que la campagne présidentielle s’ouvre en France, Jacques Chirac convie ses amis, chefs des ex-colonies africaines, à une messe festive à Cannes (France), les 15 et 16 février 2007. En signe d’adieu, il leur délivrera son satisfecit pour leur collaboration à maintenir l’Afrique dans l’illusion démocratique et le sous- développement. Nous espérons que son départ probable marque la naissance d’une nouvelle époque dans les relations entre la France et l’Afrique.
L’Afrique n’est pas pauvre. Elle dispose d’importantes ressources pour nourrir, soigner, éduquer et offrir des emplois à ses enfants ; mais elle n’arrive pas à se relever de siècles d’exploitation. Après la traite de ses fils et la colonisation, les clans au pouvoir, les Etats étrangers et les multinationales ont confisqué sa souveraineté, attisé des conflits meurtriers et pillé ses ressources de façon éhontée.
Ce n’est pas un hasard si, partout dans l’ex-Empire colonial français, des bruits sourds de mécontentement s’élèvent contre la politique de la France. Car si les dirigeants africains sont les premiers responsables de la situation sociale et politique dramatique du continent, la France officielle porte également une lourde responsabilité. Sa politique favorise le maintien au pouvoir de chefs d’Etat dépourvus de toute légitimité, de vision prospective et dont les traits communs restent le pillage, le gaspillage des ressources publiques, les massacres d’innocents, l’incarcération des adversaires politiques, l’instrumentalisation de la justice, la manipulation des processus électoraux et l’indifférence ostentatoire face à la misère criante de leur population...
Cette politique, entretenue au mépris des lois, de la justice et de l’universalité des droits de l’Homme, a ruiné le capital d’espérance de nos populations et confiné nos peuples dans une situation de dénuement sans précédent. Des milliers de jeunes au cœur meurtri, privés de toute perspective chez eux, désertent le continent à la recherche d’un univers plus clément. L’Europe, plus proche, reste leur destination favorite, mais leur aventure échoue trop souvent dans le désert, dans le ventre de la Méditerranée ou de l’Atlantique, ou encore sous les balles assassines aux frontières du vieux continent. Ceux d’entre eux qui ont la grâce d’accéder au territoire de l’Europe ont rendez-vous avec la politique de l’humiliation : les tracasseries policières, les zones d’internement, les charters ou des conditions de vie déshumanisantes.
Le développement de l’Afrique est d’abord de notre responsabilité, mais nous croyons qu’une relation fructueuse avec la France est possible. Les liens que nous entretenons avec le peuple français et certaines évolutions positives de la politique française, par exemple en République démocratique du Congo ou dans le soutien à la société civile, le démontrent.
Toutefois, un tel renouveau n’est concevable que si les fondements de cette relation sont assainis. La France doit assumer son passé en Afrique : il faut en finir avec les heures noires de la Françafrique, avec le soutien aux régimes autoritaires et avec l’impunité. La souveraineté des Etats africains doit être affirmée et les intérêts respectifs de nos pays, clairement affichés. La France doit cesser toute ingérence dans les affaires militaires, politiques et économiques des Etats africains, notamment en renonçant à dicter la politique monétaire des pays de la zone CFA, dont elle héberge les réserves et les comptes d’opération. Enfin, nous n’envisageons pas une relation respectueuse entre nos pays tant que continueront les politiques répressives et sélectives de l’immigration.
Saisissant l’occasion de ce 24ème Sommet Afrique France, nous, organisations de la société civile africaine, lançons un appel solennel à tou(te)s les candidat(e)s à l’élection présidentielle française pour construire, sur la base de la vérité, de la justice, de la légalité et de la liberté, un nouveau contrat de générations entre la France et l’Afrique. Nous appelons en particulier les candidats à :
– Poser des actes forts dès le début du mandat pour marquer l’entrée des relations entre la France et l’Afrique dans une nouvelle ère, ce qui suppose en particulier de :
– Instaurer des règles commerciales et économiques internationales transparentes et qui bénéficient à toutes les populations africaines, ce qui implique de :
– Accroître l’effort de solidarité de la France avec l’Afrique, notamment en appui aux initiatives concourant à la démocratisation, au renforcement de l’Etat de droit et au respect des principes universels des droits de l’Homme en Afrique.
Nous savons que le peuple français attend beaucoup des prochaines élections. Sachez qu’en Afrique, nous serons des millions à les suivre attentivement. Vous avez une occasion historique d’engager votre pays dans un nouveau contrat de génération avec les peuples de nos pays.
Cet appel a été rédigé par plusieurs personnalités de la société civile africaine de 7 pays.
– Aminata Touré Barry (Présidente du CAD Mali)
– Christian Mounzéo (Coordinateur de « Publiez ce que vous payez » au Congo-Brazzaville)
– Delphine Djiraibe (Coordinatrice du Comité de suivi paix et réconciliation au Tchad)
– Moussa Tchangari (Responsable d’Alternatives Niger et initiateur du Forum social nigérien)
– Dimas Dzikodo (président de l’OREPI, organisation des éditeurs de la presse indépendante, Togo)
– Léopold Mamtsai (Directeur de Caritas)
– Jean-Marc Bikoko (Président de la Confédération du Secteur public) au nom du collectif Dynamiques citoyennes (250 organisations) au Cameroun
– Solange Koné (Forum national dette et pauvreté, Côte d’Ivoire).
Il est signé par des centaines d’organisations africaines.
En France, il est soutenu notamment par : le CCFD, le CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement), Survie, Secours catholique-Caritas France, IPAM (initiatives pour un autre monde), Oxfam France - Agir ici, Mouvement pour la paix, Ligue des droits de l’homme (LDH).
Téléchargez l’appel avec la liste des sigantaires, ainsi que les réponses recues de plusieurs candidats à l’élection présidentielle (M. Bayrou, Mme Buffet, M. De Villiers, M. Sarkozy, Mme Voynet) :
http://www.ccfd.asso.fr/ewb_pages/d/doc_898.php
– Centre de Formation et de transit d’Agriculteurs Migrants
(Association ZOMA) MADAGASCAR
– Centre Djoliba MALI
– CEPAREC (Centre pour le partenariat, l’appui et le
renforcement des capacités) CONGO-BRAZZAVILLE
– CERAD Antenne de Maroua CAMEROUN
– Cercle d’Animation et de Développement de la Recherche en
Education BENIN
– CERIDA (Centre d’étude et de recherche pour l’intégration
régionale et le développement de l’Afrique) GUINEE
– CGTM (Confédération Générale des Travailleurs de
Mauritanie) MAURITANIE
– Ci-Biti / Air Libre SENEGAL
– CIPAX-AMAHORO(Consortium d’Interpellation pour la Paix-
Amahoro) RWANDA
– Coalition Congolaise Publiez Ce Que Vous Payez CONGO
BRAZZAVILLE
– Coalition des Alternatives Africaines Dette et
Développement CAD MALI
– Coalition Publiez Ce Que Vous Payez Mauritanie MAURITANIE
– CODAS Caritas Maroua CAMEROUN
– CODAS/Caritas Yagoua CAMEROUN
– Commission diocésaine Justice et Paix de Bukavu RDC
– Commission Justice et Paix CONGO BRAZZAVILLE
– Commission Justice et paix RDC
– Commission Justice et Paix de la paroisse St Martin à Mpese
RDC
– Commission Justice et Paix Pointe-Noire CONGO-BRAZZAVILLE
– Commission Justice et Paix/ACERAC CAMEROUN
– Comité de suivi paix et réconciliation TCHAD
– Confédération des Syndicats du Burundi "COSYBU » BURUNDI
– Confédération des Syndicats Autonomes du Sénégal (CSA)
SENEGAL
– Confédération des travailleurs et des travailleuses des
Comores (CTC) COMORES
– Confédération générale des cadres du Togo TOGO
– Congrégation des Petites Soeurs de l’Assomption MADAGASCAR
– Congrégation des Soeurs du Christ Rédempteur BURKINA FASO
– Conseil Villageois de Développement RDC
– Coordination démocratique de la société civile du Niger (35
organisations membres) NIGER
– CROISADE (Comité de Réflexion et d’Orientation Indépendant
pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques) NIGER
– CRONGD Kasai oriental RDC
– CRTC ANGOLA
– CSAGE (Centre de Services et d’Appui conseil en Gouvernance
et en Etudes pour le développement) MALI
– CyberForum de la Société Civile MAURITANIE
– Droits et devoirs démocratiques
– Dynamique citoyenne (250 organisations membres) CAMEROUN
– Equipes Enseignantes BENIN
– Equipes Enseignantes RWANDA
– Equipes Enseignantes SENEGAL
– Fédération des Congolais de la Diaspora (Congo-Brazzaville)
FRANCE
– Fédération des travailleurs africains en France (FETAP)
FRANCE
– FESADE (Femmes - Santé - Développement) CAMEROUN
– Fi’se’ma MADAGASCAR
– FONADH (Forum des organisations nationales des droits
humains, 17 membres) MAURITANIE
– Fondation Conseil Jeune (FCJ) CAMEROUN
– FONG-GUINEE (Fédération des ONG) GUINEE
– Forum national Dette et pauvreté (FNDP) COTE D’IVOIRE
– FOSCAM (Fédération des Organisations de la Société Civile
Camerounaise) CAMEROUN
– FUCOPRI NIGER
– GAERN Kasai oriental RDC
– GEED Foundation CAMEROUN
– GENC CAMEROUN
– GERDDES - Mauritanie MAURITANIE
– Human Rights Watch Cameroun CAMEROUN
– IADS MALI
– INADES - Formation BURKINA
– IRPAD / Afrique (Institut de recherche et de promotion des
alternatives en développement) MALI
– Jeunesse agricole de Beoumi COTE D’IVOIRE
– JEURAC (Jeunesse Rurale Active) CAMEROUN
– KUNTUALA ANGOLA
– Liga Jubileu 2000 Angola - LiJuA ANGOLA
– MCDDH (Mouvement Citoyen pour la Démocratie et les Droits
de l’homme) NIGER
– Mer Propre MAURITANIE
– MIJARC Afrique CAMEROUN
– Mouvement Alliance Paysanne (MAPTO) TOGO
– OCDI (Organisation de la charité pour un développement
intégral) TOGO
– OJVS (Organisation de Jeunes Vivants avec le VIH /SIDA) RDC
ONG AZHAR Kidal MALI
– OREPI (Organisation des éditeurs de la presse indépendante)
TOGO
– ORIZAMENTO ANGOLA
– PACT Ségou MALI
– PADA (Programme Agriculteurs pour le Développement
Agricole) RDC
– PAIPS COTE D’IVOIRE
– PREFED - Burundi (Programme Régional de Formation et
d’échange pour le Développement) BURUNDI
– PREFED - Rwanda RWANDA
– Public Concern CAMEROUN
– RACED Cameroun CAMEROUN
– RECSY UE/ACP COTE D’IVOIRE
– REPPACT (Réseau pour la promotion de la paix et de la
citoyenneté au Tchad) TCHAD
– Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse
Budgétaire
(ROTAB) - Publiez Ce Vous Payez Niger NIGER
– Réseau régional des horticulteurs de Kayes (RHK, 40
organisations membres) MALI
– RPDH (Rencontre pour la paix et les droits de l’homme)
CONGO-BRAZZAVILLE
– Service National Justice et Paix (SNJP) de la Conférence
Episcopale Nationale CAMEROUN
– Service Oecuménique pour la Paix CAMEROUN
– SIN-DO (Organisation pour les Droits Sociaux et Economiques
des Femmes et des Enfants) BENIN
– Socidec (solidarité pour le civisme et le développement au
Congo) RDC
– Solidarité et Action pour le Développement durable TOGO
– SOS - Civisme NIGER
– SOS - Esclaves MAURITANIE
– SOS Médecins CAMEROUN
– Syndicat exécutant le redressement écono-social de
Madagascar (SEREMA) MADAGASCAR
– Synergie Paysanne BENIN
– Union des Syndicats du Tchad TCHAD
– Volontaires du Développement CAMEROUN
– Xavières Korhogo COTE D’IVOIRE