Survie

Corruption trop ordinaire : les pots-de-vin de Saddam Hussein ont-ils acheté de hauts responsables français ?

Publié le 28 janvier 2004 (rédigé le 28 janvier 2004) - Survie

La publication dimanche 25 janvier par le journal irakien « Al-Mada » d’une liste de 270 bénéficiaires de cadeaux pétroliers de Saddam Hussein, dont 11 Français, n’est sans doute pas innocente : elle peut servir les intérêts américains. Mais elle correspond à des pratiques trop éprouvées, en Afrique et ailleurs, pour que l’on ne considère pas ces allégations. D’autant que, selon Le Parisien de ce jour, deux personnes confirmeraient ces pratiques.

Patrick Maugein, intime de Jacques Chirac et grand intermédiaire dans le commerce des matières premières, a-t-il, via sa société Traficor, reçu un permis de vente de 25 millions de barils, permettant de dégager une commission de 1 à 2 cents le baril, soit entre 250 000 et 500 000 dollars ? Charles Pasqua dément de son côté avoir bénéficié d’une dotation de 1,7 million de barils (entre 17 000 et 34 000 dollars de commission), mais son démenti est affaibli lorsqu’il prétend ne s’être jamais mêlé de commerce pétrolier. L’ambassadeur Jean-Bernard Mérimée, qui représenta la France à l’ONU au moment du génocide de 1994 au Rwanda, a-t-il reçu un permis de vente de 3 millions de barils, soit entre 30 000 et 60 000 dollars de commission ?

Ces allégations sont suffisamment graves pour ne pas être laissées dans l’ombre. Les y laisser serait accréditer la thèse d’une corruption ordinaire d’une partie des décideurs français. Il serait inconcevable que la justice française n’ouvre pas une enquête.

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