Survie

Généraux algériens, Guelleh, Déby, Sassou : Chirac affiche sa dictatorophilie

Publié le 13 juillet 2004 - Survie

Patron de la Françafrique depuis trois décennies, Jacques Chirac a dû à certaines époques masquer quelque peu son fraternel et fidèle soutien aux pires dictatures africaines, parrainant leur criminalité économique et politique proliférante. Ayant accaparé en France la quasi-totalité des pouvoirs, il croit désormais pouvoir débrider son amitié.

Alors que le récent ouvrage La Françalgérie, de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, démontre la longue complicité de la France et de ses services secrets avec la junte algérienne, prédatrice et tortionnaire, Jacques Chirac s’apprête à franchir un pas supplémentaire en préparant un accord de défense avec ce régime criminel contre l’humanité. Selon Le Canard enchaîné du 7 juillet, cet accord pourrait inclure des échanges d’information sur les opposants algériens en France… Oubliée l’implication de la junte algérienne dans une série d’attentats sanglants à Paris ! Trois ministres successifs, Nicolas Sarkozy, Michel Barnier et Michèle Alliot-Marie, sont allés porter leur pierre à cette alliance pétro-barbouzarde, fondée sur l’amnésie et grosse de contrats militaires.

Alors que le policier Ismaël Omar Guelleh, devenu le dictateur mafieux de Djibouti, est de plus en plus pointé du doigt dans l’assassinat du juge français Bernard Borrel, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie est allée fêter avec lui le doublement du loyer payé par l’armée tricolore pour sa base djiboutienne. Moyennant quoi, le tyran local a pu se féliciter : « Nos relations [avec la France chiraquienne] sont au beau fixe, une relation presque familiale » (AFP, 07/07).

Alors que le dictateur Idriss Déby, l’un des plus cruels d’Afrique, « assassin invétéré », vient de bousculer la Constitution pour permettre sa "réélection" indéfinie, et donc la perpétuation d’un pillage et d’une oppression sans bornes, le ministre de la "Coopération", Xavier Darcos, est allé lui porter « un message d’amitié, de confiance et de gratitude » du président Jacques Chirac, en certifiant au passage que le destinataire avait été « démocratiquement élu par deux fois ». Cet énorme mensonge, cautionnant deux gigantesques fraudes, ne trompe personne en Afrique. Mais il est rare qu’un Président français exprime aussi crûment ses remerciements à un cerbère des butins françafricains.

Alors que le criminel contre l’humanité Denis Sassou Nguesso essaie par toutes sortes d’artifices d’échapper à un processus judiciaire qui révélerait les massacres commis jusqu’au pied de son palais, son ami Jacques Chirac s’apprête à l’accueillir chaleureusement le 15 juillet [1]. Et à examiner avec lui comment achever d’étrangler les efforts de la justice française, initiés par le courageux juge Gervillié, visant à extraire les 353 « disparus du Beach de Brazzaville » de la gangue négationniste qui les enrobe. À cet égard, on ne peut que se scandaliser des propos du président d’une association de droits de l’Homme, la LICRA : Patrick Gaubert, député européen UMP et ancien conseiller de Charles Pasqua, est en effet allé à Brazzaville insister pour que cette affaire congolaise soit jugée au Congo. Il ne lui serait pas venu à l’idée de demander à Hitler de juger Eichmann.

[1Dans le cadre de sa campagne contre le soutien de la France aux dictatures en Afrique, Survie se joint à la marche organisée par le Collectif contre les impunités au Congo-Brazzaville, prévue le vendredi 16 juillet 2004, de 15 heures à 18 heures : marche pacifique de la place Saint-Augustin à la place Monceau contre les crimes contre l’humanité au Congo, contre la dictature et la paupérisation des populations congolaises, pour la poursuite de l’instruction du tribunal de Meaux

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