Survie

La France et le génocide

Publié le 23 mars 2014

La France savait qu’un génocide pouvait survenir au Rwanda : plusieurs massacres à caractère génocidaire avaient été organisés sous la responsabilité des autorités rwandaises, et Paris fut informé dès l’automne 1990 par l’Ambassade de France à Kigali du risque d’extermination des Tutsi.

En janvier 1993, Jean Carbonare, alors président de Survie, était intervenu au "20 heures" de France 2 pour alerter l’opinion : « ...notre pays, qui supporte militairement et diplomatiquement ce système, a une responsabilité... il faut qu’on fasse quelque chose ». La France pouvait arrêter son soutien au régime rwandais et faire pression sur celui-ci pour enrayer son escalade génocidaire. Elle n’en fit rien.

Pourquoi ce soutien ?

"Dans ces pays-là, un génocide ce n’est pas trop important", cette phrase du Président Mitterrand (été 1994) résume le mépris et le cynisme de la politique française en Afrique.

En cessant de soutenir son allié rwandais, la France risquait de perdre pied dans ce pays situé aux portes de l’immense Zaïre et ses richesses minières, et plus largement dans cette Afrique orientale en grande majorité anglophone. Elle apporta donc avant, puis pendant le génocide, un appui à la fois militaire, diplomatique et financier au pouvoir rwandais. Ainsi les intérêts géopolitiques de la France et la fidélité affichée à ses alliés, fussent-ils des dictatures, constituaient les priorités de l’engagement français au Rwanda. Le génocide était considéré comme secondaire.

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