Survie

Interview : "Le placement de Sarkozy en garde à vue n’est pas surprenant"

Nicolas Sarkozy lors du défilé 14 juillet 2008 (photo sous licence CC "beyrouth")
Publié le 21 mars 2018 - Thomas Borrel

Contacté suite à la mise en garde à vue de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Thomas Borrel, un des porte-parole de l’association Survie, a répondu aux questions de la Deutsche Welle, le 20 mars 2018.

Interview publiée par la Deutsche Welle le 21 mars 2018

Extraits :

Est-ce que ce placement en garde à vue vous a surpris ?

Ça surprend parce que c’est une accélération de l’enquête. Mais par rapport à toutes les révélations faites déjà par les journalistes de Mediapart sur le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, sur les accusations de financement par la Libye , non ce n’est pas tout-à-fait une surprise puisque c’est ce qu’on attend de la justice.

(...)

L’enquête actuelle porte sur des chefs de corruption active et passive, trafic d’influence, faux et usage de faux, abus de biens sociaux et blanchiment, complicité et recel de ces infractions. Ça fait quand-même beaucoup, non ?

Ça fait beaucoup. L’enquête pourrait peut-être inclure certaines morts suspectes qui accompagnent ce dossier. On se souvient du ministre du pétrole libyen retrouvé mort en 2012 dans le Danube, avec un carnet qui consignait certains versements apparemment faits à l’équipe de Sarkozy. Plus récemment il y a l’ancien directeur de cabinet de Kadhafi, Bechir Saleh, qui a été pris en embuscade, victime d’un guet-apens, alors qu’il s’apprêtait à répondre à des questions sur ces liens notamment avec Alexandre Djouhri, un intermédiaire sulfureux qui apparaît dans ce ce dossier. Cette affaire n’ira pas jusqu’à la question de l’intervention militaire française en Libye en 2011 avec le renversement de Khadafi et toutes les conséquences qu’on connaît dans la déstabilisation du Sahel.

Donc vous n’établissez pas de lien de cause à effet entre l’assassinat de Kadhafi et cette affaire ?

Ce n’est pas du tout ce que je dis, au contraire. Mais je dis que malheureusement, alors qu’il y a un lien politique très fort, le lien juridique ne pourra pas être établi, puisque l’intervention militaire, c’est une décision qu’a prise Nicolas Sarkozy en tant que président de la République. Il peut être éventuellement poursuivi pour "haute trahison", mais un ancien président de la République ne peut pas être poursuivi pour ce qu’il a fait en tant que président de la République. Donc l’intervention militaire en Libye, même s’il apparaissait qu’elle était liée à ces soupçons de financement de la campagne de Sarkozy par la Libye, échappera de toute manière au champ de compétence judiciaire.

(...)

Lire l’interview complète sur le site de la Deutsche Welle.

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