Le 11 juin 2003, la commission
d’enquête parlementaire sur la faillite
d’Air Liberté auditionnait un expert-comptable, Claude Bonan. Il raconte la
deuxième faillite en quatre ans d’EAS
(Europe Aéro Services).
Reprise en
janvier 1993 par Francis Lagarde, « EAS
a fait faillite au bout de deux ans, dans
quasiment les mêmes conditions, avec
une séparation d’actifs qui a permis à M.
Lagarde d’empocher 450 millions de
francs. M. Lagarde a été condamné par
le tribunal correctionnel de Perpignan, à
une peine de deux ans de prison, peine
confirmée par la cour d’appel à deux ans
de prison dont un an avec sursis. Il a
ensuite déposé un pourvoi en cassation
qui a été rejeté par la Cour de cassation.
Huit ans après, il n’a toujours pas purgé
sa peine et circule librement. Le
procureur de Montpellier prétend qu’il
n’est pas possible d’arrêter M. Lagarde
qui aurait déménagé et que l’on ne sait
pas où il habite, alors que M. Lagarde
habite chez son frère, 6 rue Bizet à
Paris. [1] »
C’est le signe de très hautes
protections. Francis Lagarde et ses
avions auraient rendu d’éminents
services aux Services... 1994 est une
année charnière. Pas seulement en
Afrique.
Selon L’Express du 14 octobre
1994, EAS a passé contrat avec Air
Algérie pour l’envoi de 6 missiles
d’Aérospatiale au Moyen-Orient.
L’homme d’affaires a été interrogé
pour la cession de deux avions Caravelle
à des narcotrafiquants colombiens. À la
clef, le très probable blanchiment
d’environ un million de dollars via la
banque Colbert, filiale du Crédit
Lyonnais (Libération, 12/08/1999). Francis
Lagarde n’est pas poursuivi... C’est un
poulain de Jean-François Hénin, l’un des
principaux entrepreneurs du trou du
Crédit Lyonnais : deux dizaines de
milliards d’euros refilés au contribuable.
À ce niveau, la justice ne sait plus
compter, Chirac en sait quelque chose.
Et puis Hénin est proche de l’Opus Dei, il
œuvre dans un au-delà qui échappe au
commun des mortels. Ne le qualifiait-on
pas de « Mozart de la finance » ?
Sorti quasi indemne du trou du
Lyonnais, Hénin refait fortune en Afrique
centrale avec sa société Maurel et Prom
– dans le pétrole, le bois, le diamant, etc.
Toutes activités bien innocentes. Maurel
et Prom est une sorte de franc-tireur de
Total : on appelle ça une compagnie
junior, et ça ouvre bien des portes. La
Lettre du Continent (20/05) nous apprend
que dans l’entourage du
président
centrafricain
Bozizé, à l’affût des ressources si peu
contrôlées de ce pays – le diamant par
exemple –, grenouillent le businessman
régional Médard Bemba, Jean-François
Hénin et... Francis Lagarde.
Le condamné introuvable caracole à la
tête de la société Alter Finance, il est
devenu l’un des principaux actionnaires
d’Électricité et Eaux de Madagascar, une
autre coquille françafricaine. Et il
conservait encore début 2004 deux
avions d’EAS, loués à la compagnie
italienne Air One (La Tribune, 27/01).
Moralité : aucune.
[1] Le rapport d’EAS et Francis Lagarde avec
Air Liberté et Jean-Charles Corbet ? Ils ont les
mêmes avocats d’« affaires ».