Biens publics à l’échelle mondiale [1]
La santé mondiale, entre racket et bien public
Un ouvrage collectif de l’association Biens publics à l’échelle mondiale (BPEM),
coordonné par François-Xavier Verschave, avec les contributions de Patrick Alloux, Élisabeth Chamorand, Peter Dwyer, Dominique Gentil, Raoul-Marc Jennar, Gaëlle Krikorian, François Lille, Georges Menahem, Francis Merckaert, Philippe Pignarre, Eloan Pinheiro, Philippe Rivière, Reda Sadki, François Teyssier, François Veillerette, Germán Velasquez et Laurent Ziegelmayer. Éditions Charles-Léopold Mayer, novembre 2004.
Dans un certain nombre de pays, l’accès aux soins est conçu comme un droit, la santé est perçue comme un bien public, le système de santé est soumis à des obligations de service public. La Déclaration universelle des droits de l’Homme et la création de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont visé à rendre universel le droit d’être soigné. Cet objectif est loin d’être atteint : une majorité d’habitants de la planète est renvoyée au manque de ressources de son propre pays ou à l’indifférence de ses dirigeants.
Le drame du sida a commencé de changer les regards. Le mouvement de revendication d’un accès aux médicaments a créé sur le sujet une sorte d’opinion publique mondiale. Il s’est affronté à l’Organisation mondiale du commerce, l’obligeant à concéder le principe du droit prioritaire à la santé. Face à la logique de profit caricaturale de l’industrie pharmaceutique - lobby et cartel à l’échelle mondiale -, un mouvement civique mondial s’est mis à défendre des valeurs d’humanité et de solidarité. Ces valeurs ne sont pas mortes : elles ont construit et peuvent encore construire le meilleur de nos sociétés.
Suscité et coordonné par l’association BPEM, le livre La santé mondiale suit une approche concrète et pluridisciplinaire : se souvenir de la conquête et de l’institution fécondes, à l’échelle nationale, d’un bien public comme la santé ; observer la nécessité d’un passage au moins partiel à l’échelle mondiale ; identifier les forces qui s’y opposent et en démonter l’idéologie ; repérer le mouvement social émergent qui veut l’universalité du bien public.
Il s’agit ici de la santé. On pourrait en faire autant avec l’éducation, la sécurité alimentaire, l’environnement, les télécommunications, etc. La problématique des biens publics à l’échelle mondiale induit la constitution de coalitions à cette échelle-là, entre citoyens d’une même terre poussant nos gouvernements à de nouvelles formes de légitimité internationale.
Nous en donnons ici deux extraits.