Survie

Outre-mer (Nouvelle Calédonie)

(mis en ligne le 1er novembre 2005)

« S’agissant de la Nouvelle Calédonie, l’ONU connaît bien l’histoire du peuple Kanak. En effet notre pays avait été inscrit sur la liste des pays à décoloniser en 1946, puis retiré dès 1947 sous la pression de l’Etat Français, il fut réinscrit , voilà 18 ans, par la résolution 41/41 A du 2 décembre 1986, grâce au travail du FLNKS soutenu dans son combat par les organisations régionales comme le groupe du fer de lance mélanésien, le forum du pacifique ou encore le mouvement des pays non alignés et bien sur par le comité des 24 et la 4ème commission. [...]
Les manœuvres de déstabilisation habilement orchestrées par des groupes nostalgiques de l’ancien empire colonial français, ont pratiquement fait imploser le FLNKS qui représente notre futur État en émergence. [...] Depuis 152 ans, l’État Français s’est toujours opposé à l’indépendance par des formes diverses d’oppression. [...] Ni la charte de décolonisation de 1960, ni les résolutions et plans d’action annexés, adoptés par l’assemblée générale [...] ne sont respectés par la puissance administrante.
L’indépendance de notre pays est non négociable, seules les étapes pour y parvenir le sont. [...]
Contrairement à ce qu’affirment certains hauts responsables Français, l’Accord de Nouméa n’est pas un accord de paix. C’est en réalité un accord de décolonisation au sens du droit international. À ce titre, toute évolution vers l’indépendance est sous contrôle des Nations Unies. [...]
Sur le plan politique, le règlement de la question du droit de vote pour les élections provinciales a pris du retard. Réservé aux gens du pays, ce droit a été étendu arbitrairement aux nouveaux arrivés alors qu’il constitue le point d’équilibre de l’architecture de l’accord de Nouméa. [...]
Suite à l’initiative prise par certains responsables du FLNKS, je soutiens en tant que signataire de l’Accord de Nouméa la proposition d’organiser le prochain séminaire de décolonisation de l’ONU à Nouméa en 2006. Je sollicite enfin que votre organisation, du fait des dérives de l’accord de Nouméa, puisse organiser une mission spéciale en Nouvelle Calédonie comme en 1999.
Je me fais enfin le porte parole du Président du Gouvernement de la Polynésie Française, Monsieur Oscar TEMARU, rencontré ce samedi 8 octobre à Papeete (Tahiti), pour vous demander que l’Organisation des Nations Unies puisse examiner la question de la réinscription de la Polynésie Française sur la liste des Pays à décoloniser. »
(Roch WAMYTAN, signataire FLNKS de l’Accord de Nouméa, Déclaration devant la 4ème Commission de l’ONU, New York le 10/05 [1]).

Commentaire :

Nous regrettons de ne pas pouvoir citer plus amplement encore ce texte remarquablement percutant, qui remet les pendules à l’heure.
Les historiens responsables de la revue Histoire gagneraient à en prendre pleinement connaissance. Dans l’éditorial du numéro d’octobre traitant de la fracture coloniale, ils affirment : « Départements ou territoires d’outre-mer [...] ne sont français que par la volonté de leurs habitants [...] nul doute que la métropole accorderait la souveraineté à tous ces territoires si leurs habitants la réclamait ». Ils se sont peut-être égarés dans leur quête de “déontologie scientifique”, mais ils tiennent là une formule magique pour faire l’économie de la consultation des populations... et de la consultation des archives de l’ONU.

Pierre Caminade

[1Correctif publié en Décembre 2005 :
La déclaration de Roch WAMYTAN devant le Comité de décolonisation de l’ONU date du 10/10/2005, et non du 10/05 comme nous l’avons écrit par erreur (Billets 141 p. 13).

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