Les Nations unies (ONU) ont demandé à l’Union Européenne (UE) de fournir une force de réaction rapide à la République Démocratique du Congo (RDC) pour la période durant laquelle se tiendront les élections législatives et présidentielles (les législatives et le premier tour de l’élection présidentielle devraient se dérouler fin avril, le second tour de l’élection présidentielle, s’il s’impose, en juin).
Cette force serait placée sous commandement français (comme cela a été le cas pour l’opération Artémis en Ituri en 2003). Selon une source fiable, cette force serait basée à Brazzaville (Congo) ou à Libreville (Gabon).
Selon le GLCSS [1], cette force, en principe destinée à contribuer aux conditions de sécurité durant la période électorale, servirait peu cet objectif car sa tâche principale serait d’agir, au nom de l’ONU, en tant que force éventuellement appelée à procéder à l’évacuation d’urgence des personnels diplomatiques et des expatriés (occidentaux en particulier) présents dans le pays. Diverses sources soulignent certaines divergences éclairantes entre membres du CIAT (Comité international d’accompagnement de la transition) [2] concernant l’organisation des élections en RDC et la gestion des conflits (de tous ordres) qui continuent de ravager le pays. Nous reviendrons dans notre prochain numéro sur la question des élections, mais on peut d’ores et déjà noter que les États-Unis expriment publiquement leur intérêt pour le pétrole congolais.
Selon la radio (de la Monuc) Okapi, l’ambassadeur américain Roger Meece a déclaré, le 13 janvier : « Ce que je peux dire c’est que non seulement le pétrole en Ituri, mais aussi les ressources minières dans le pays en général intéressent les États-Unis. » On connaît l’intérêt français pour l’or noir africain. C’est ce qui amène certains observateurs à soupçonner l’éventualité d’une présence militaire française en RDC comme une opération hexagonale destinée à affermir sa présence et son influence dans la région. On peut y voir la consolidation d’un système du type “Françafrique” globalisé dans une logique compétition/complicité entre riches et puissants.
La situation en RDC est très loin d’être apaisée [3]. Or, les composants les plus puissants de la Communauté internationale - dont la France - ne semblent pas avoir pour priorité d’aider ses populations à retrouver le chemin de la paix. Ils seraient surtout intéressés à installer à la tête du Congo des personnes qu’ils pourraient contrôler, avec lesquelles ils pourraient s’entendre en privilégiant leurs propres intérêts. Rien de vraiment neuf sous le soleil.
Sharon Courtoux
[1] The Great Lakes Centre for Strategic Studies, rassemble et analyse les informations sur la situation dans l’Afrique des Grands Lacs (www.glcss.org). Ceux qui lisent l’anglais peuvent s’inscrire sur le site pour recevoir les intéressantes analyses hebdomadaires de cette organisation dont le siège est à Londres.
[2] Composée de représentants des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande Bretagne, Russie), de la Belgique, du Canada, de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Gabon, de la Zambie, de l’UE, de l’Union Africaine et de la Monuc.
[3] Outre les régions de l’Est (Nord et Sud Kivu, Ituri...), où elle reste explosive, la situation que subit le Katanga est d’une violence extrême (lire Katanga : the Congo’s forgotten crisis, International Crisis Group, www.crisisgroup.org).