Dans son livre qui vient de
paraître, intitulé Carnages (Fayard),
Pierre Péan développe des thèses
aventureuses, notamment concernant Survie.
Le chapitre 2, « La Françafrique, un efficace
écran de fumée » affirme ni plus ni moins
qu’avec le concept de françafrique, destiné
à discréditer la France et ses dictateurs
protégés, Survie est au service des intérêts
anglo-saxons.
Du reste son président, de
1988 à 1994, Jean Carbonare, décédé en
2009, « était en réalité un agent du British
M 15. Son travail consistait essentiellement
à prendre le contrôle de l’opinion nationale
française ». Ce superman, pour ce faire,
a disposé en tout et pour tout de quelques
minutes dans un « 20 heures » d’Antenne 2
en février 1993. Admirons le tour de force.
Survie pour son action délétère « bénéficie
de moyens financiers importants ». Nous
sommes ravis de l’apprendre, nous qui nous
arrachons les cheveux sur nos bilans et devons
nos actions à l’inlassable dévouement de nos
bénévoles. Notre très modeste association
aurait réussi à gagner à ses vues la plupart des
journalistes et toutes les ONG, qui ne jurent
que par nous. Le sérieux de notre travail nous
vaut en effet l’estime générale, mais sûrement
pas la faveur des médias.
Pierre Péan réitère ses propos haineux
contre François-Xavier Verschave comme figure, selon lui, de l’anti-France, président de Survie de 1994 à 2005, décédé en 2005,
appelant à la rescousse Jacques Vergès,
Hubert Védrine et citant l’article malveillant
du Monde du 2-3 juillet 2005, ce qui réfute
du même coup sa propre thèse de la faveur
journalistique dont bénéficie Survie ; mais
ce n’est pas la seule contradiction dont son
livre fourmille. Cette attaque, caractérisée par
sa lâcheté, n’exprime que le chauvinisme qui
est la marque de la décadence.
Il persiste à prétendre que nous soutenons
Paul Kagame, malgré les informations que
nous avons toujours relayées au sujet des
exactions du FPR, cela dès 1994 sous la
plume de François-Xavier Verschave [1]. Mais
il est vrai que nous sommes intransigeants
sur la recherche de la vérité de l’implication
française au Rwanda. C’est une question de
salubrité nationale.
Laissons donc les thèses outrancières de Péan
se réfuter d’elles-même par leur évident ridicule
et méprisons ses propos malgré leur caractère
injurieux qui ne déshonore que lui-même. Son
livre n’apporte rien à part ses vociférations
vagues, ses diffamations sur les Africains en
résistance et ses obsessions ressassées.
Beaucoup de redites par rapport au précédent ouvrage Noires fureurs, blancs
menteurs : Rwanda 1990-1994 paru en 2005. Mais Péan revendique cette filiation :
Carnages est un ouvrage plus ambitieux de la façon dont l’auteur « revisite » à sa
façon l’histoire du génocide. Il élargit son propos au Soudan, à l’Ouganda, au
Congo, à sa découverte de l’Afrique dans sa jeunesse, etc., le tout épicé de thèses
conspirationnistes où il mélange Américains, Britanniques et Israéliens.
En résumé,
le génocide des Tutsi a été voulu par les Tutsi du FPR et par les Américains aidés
des Britanniques et des Israéliens pour évincer la France du jeu diplomatique
dans la région et … isoler le Soudan.
Au fil des pages, Péan sert aussi la soupe au
prurit négationniste. Les moindres « ficelles » de cet auteur populiste ne sont pas
les libertés qu’il prend avec les citations (souvent approximatives, apocryphes,
douteuses, invérifiables, voire carrément mensongères), cherchant visiblement de
nouvelles polémiques pour favoriser la vente de cet ouvrage fourre-tout.
[1] Voir notamment
* Génocide des Tutsi et négationnisme
* France-Rwanda : les dessous d’un rapprochement
* « On peut et on doit dénoncer les crimes de guerre commis par l’Armée patriotique rwandaise (APR) lors des conflits où elle a été successivement impliquée, au Rwanda (1990-1994, 1995 à Kibeho, 1997-1998) ou au Congo-Zaïre (1996-1997 et 1998-1999). En 1997, le massacre au Zaïre de dizaines de milliers de réfugiés hutus relève du crime contre l’humanité, imprescriptible. » François-Xavier Verschave, Noir Silence p.106-107