Survie

Angolagate : Morin soutient toujours Falcone

(mis en ligne le 6 avril 2011) - Raphaël de Benito

Hervé Morin, ex-ministre
de la Défense, persiste et
signe. Dans une lettre datée
du 24 janvier 2011, il appuie
publiquement la défense de
Pierre Falcone comme il l’avait
déjà fait en juillet 2008 alors
qu’il était en poste.

Depuis le 19 janvier, la cour
d’appel de Paris rejuge l’affaire de
l’Angolagate.

Les deux principaux
acteurs, Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak,
ont été condamnés, en 2009, à six ans de
prison, au grand dam de l’Elysée, pour avoir
organisé dans les années 1990 la vente à
l’Angola de matériel militaire, armes et
munitions provenant de pays de l’Est, sous
couvert d’une société slovaque (ZTS-Osos),
pour 790 millions de dollars gagés sur les
recettes futures du pétrole angolais.

Les prévenus, revendiquant la fourniture
d’armement à l’Angola, affirment être venus
en aide à un gouvernement légitime et assiégé
mais contestent la conclusion de l’enquête et
du tribunal selon laquelle ce commerce était
illicite. C’est d’ailleurs leur dernière ligne de
éfense, quelque peu désespérée, sur fond
de multiplesmanœuvres de l’Elysée pour
sauver le soldat Falcone et surtout rouvrir le
robinet du pétrole angolais. (Billets d’Afrique
n°197, décembre 2010)
.

La défense de Falcone soutient que la vente
n’avait pas besoin d’autorisation française,
puisque les armes n’ont pas transité par la
France. Elle en veut notamment pour preuve
une stupéfiante lettre, écrite le 11 juillet
2008, par le ministre de la Défense d’alors,
Hervé Morin, qui n’hésitait pas, à quelques
semaines du procès, à soutenir publiquement
le marchand d’armes mis en examen.

Morin y affirmait que, par conséquent, « le
ministère de la Défense n’aurait jamais
dû déposer plainte dans cette affaire de
commerce d’armes puisqu’il n’y a jamais
eu de « trafic » à proprement parler à partir
de la France
 ». Ce n’était pas l’avis de son
homologue du gouvernement Jospin, Alain
Richard, à l’origine de la plainte en 2001,
plainte jugée tout à fait valable puisque la
signature des contrats d’armement a bien
eu lieu en France.

D’après les investigations
de Global Witness, plusieurs contrats de
la livraison d’armes ont été signés sur le
territoire français. « Lorsque les premiers
contrats d’armes entre ZTS-Osos et l’Angola
ont été signés en 1993 et 1994, Brenco
France se trouvait au 56, avenue Montaigne
à Paris. Il est intéressant de noter que cette
adresse et les numéros de téléphone et fax
de Brenco figurent sur le contrat initial de
47 millions de dollars, avec la signature de
Pierre Falcone (...) Le caractère vraiment
français du dossier original de 47 millions
de dollars devrait être souligné (...)
Non seulement le document était écrit en
français, mais il aurait aussi été envoyé à
Elisio de Figueiredo [ambassadeur itinérant
de l’Angola] qui était posté à Paris
. » [1]

La chambre de l’instruction de la cour
d’appel de Paris avait d’ailleurs validé la
quasi-totalité de l’enquête.

Surprise ! Le 26 janvier 2011, l’un des avocats
de Falcone, Me Veil, a versé au dossier une
nouvelle lettre, datée du 24 janvier, d’Hervé
Morin, qui n’est plus au gouvernement, mais
confirme ce qu’avaient conclu ses services.

Il s’agit là d’un soutien persistant à Falcone.
Au-delà d’une argumentation juridique plus
que bancale, il est indigne, que dans un tel
dossier brûlant, un ex-ministre, qui plus
est candidat déclaré à la présidence de la
République, vole au secours des prévenus.

Soutenez l'action en justice contre Total !
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 199 - février 2011
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
Pour aller plus loin
a lire aussi