Note de l’article Dix-huit ans après le génocide, la France toujours complice
(1) Dans une première version de l’article, nous avions écrit par erreur que Paul Quilès n’avait pas convoqué Barril devant la Mission d’information parlementaire de 1998. Cette erreur a été relevée par M. Quilès, et nous avons donc procédé à la rectification du texte. Il est à noter cependant que Paul Barril n’a été convoqué qu’in extremis devant la Mission parlementaire, dans des délais qui font douter d’une réelle volonté d’exploiter les informations qu’auraient pu apporter Barril : celui-ci fut convoqué le 2 décembre 1998 pour être entendu le 9, alors que la Mission rendait public son rapport le 15... Par ailleurs, les responsables politiques de l’époque avaient volontairement fait le choix de ne réaliser qu’une simple Mission d’information parlementaire, plutôt qu’une Commission d’enquête parlementaire où toute personne est alors obligée de déférer à une convocation. Convoqué par la Mission de 98, Barril a simplement déclaré qu’il se trouvait aux USA et ne s’est pas présenté.
Il n’en demeure pas moins extravagant que Paul Barril n’ait pas été interrogé par la Mission. Le chercheur Gérard Prunier avait pourtant écrit dès 1995 dans son ouvrage The Rwanda Crisis. History of a Genocide, traduit en français à la fin de l’année 1997 : « [...] on peut supposer que Paul Barril connaît les hommes qui ont abattu l’avion et leurs commanditaires ». Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, pour sa part, écrivait dans Le Figaro du 31 mars 1998 : « Quel rôle joue donc le capitaine Barril ? Comment expliquer qu’un simple citoyen puisse se targuer d’avoir "mis une tête à prix " [celle de Paul Kagame] ? Comment se fait-il qu’un des "proches" du capitaine Barril puisse être soupçonné d’avoir tenté de se procurer deux missiles ? Et si cela était avéré, à quelles fins ? Sur instruction de qui ? Dans quel intérêt ? ... Toutes questions sur lesquelles la mission d’information parlementaire devra bien se pencher. » Ce qu’elle ne fit pas, se contentant de reproduire les éléments d’information apportés par Patrick de Saint-Exupéry, sans commentaire et avec le conditionnel de rigueur : « Des liens existaient entre le groupe de Paul Barril “ SECRETS ” et l’entourage du Président Juvénal Habyarimana avant que l’attentat ne soit exécuté. Ces contacts auraient été plus particulièrement noués par certains responsables rwandais en vue d’aider à la bonne exécution du contrat de vente d’armes passé le 3 mai 1993 entre le Ministre de la Défense rwandais, M. James Gasana et M. Dominique Lemonnier, gérant de la société Dyl-Invest. Le Gouvernement rwandais n’ayant jamais reçu livraison des armes achetées dans le cadre de ce contrat, malgré le règlement d’une avance de 4 millions de dollars virés sur le compte de M. Lemonnier, le Colonel Elie Sagatwa aurait une première fois chargé M. Paul Barril, en novembre 1993, de veiller à la bonne exécution de ce contrat. Le 20 mai 1994, M. Jérôme Bicamumpaka, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Gouvernement intérimaire hutu aurait donné procuration à M. Paul Barril afin qu’il mette en oeuvre toutes les démarches nécessaires pour récupérer l’acompte versé en novembre 1993. Paul Barril n’ayant pas réussi à obtenir satisfaction, a diligenté une procédure judiciaire devant le tribunal de grande instance d’Annecy contre Dominique Lemonnier, M. Sébastien Ntahobari étant intervenu dans cette procédure au nom du Gouvernement rwandais. Or, M. Ntahobari a bénéficié pour ce faire du concours de maître Hélène Clamagirand, avocate du groupe de Paul Barril mais aussi avocate de Mme Agathe Habyarimana consécutivement à l’attentat. Ceci témoigne des relations ayant pu exister entre ces différents protagonistes. » Tous ces éléments ont pu être établis par la Mission sur la base d’informations communiquées par M. Patrick de Saint-Exupéry.