Le nouveau Livre Blanc confirme l’appropriation du concept de « sécurité nationale » [1] pour justifier l’action des forces armées face « à la diversité des menaces et des situations de crise susceptibles d’affecter notre sécurité, nos valeurs ou nos intérêts. » Le champ est large !
En matière d’intervention extérieure, trois objectifs sont énumérés : « Assurer la protection de nos ressortissants à l’étranger, défendre nos intérêts stratégiques, comme ceux de nos partenaires et alliés, et exercer nos responsabilités internationales. »
Le document focalise l’application de cette doctrine sur le « voisinage de l’Europe », considérant que pour cette zone géographique « les États-Unis cher cheront probablement à partager plus systématiquement la charge des opérations extérieures avec leurs alliés européens, quitte à accepter dans certains cas de leur en laisser l’initiative et la direction », comme ce fut le cas en Libye ou au Mali.
Nul doute que l’opération Serval, qui est évoquée à plusieurs reprise, a influencé la rédaction du Livre blanc, dans lequel « le Sahel, de la Mauritanie à la Corne de l’Afrique, ainsi qu’une partie de l’Afrique subsaharienne » sont définis comme « des zones d’intérêt prioritaire » pour la France et pour l’Europe, où « la sécurisation des espaces terrestres et maritimes est donc stratégique ».
Le refrain désormais habituel sur la nécessité de cadres multilatéraux et de mandats de l’ONU pour les interventions extérieures n’est pas oublié, mais prenant acte des difficultés à mobiliser les autres pays européens, le document évoque en premier « les opérations conduites de façon autonome », considérant même que « l’évolution du contexte stratégique » les rendra nécessaires « plus souvent que par le passé ».
Une Force interarmées de réaction immédiate (FIRI) permettant de projeter à tout moment 2 300 hommes est créée, tandis que les forces spéciales seront renforcées. Le devenir des bases et autres « points d’appui » militaires en Afrique n’est pas explicitement mentionné, mais la philosophie générale du texte, comme les commentaires qui ont accompagné sa publication, ne laissent guère de doute quant l’abandon pur et simple des objectifs (modestes) de réduction prévus par le précédent Livre blanc. Au nom bien sûr de l’inusable prétexte « de soutien à la formation d’une architecture de sécurité collective en Afrique ».
[1] On lira notamment la tribune de l’Observatoire des armements sur Rue89