L’État socialiste poursuit sa surenchère belliciste tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. Ainsi François Hollande veut « démanteler définitivement » le bidonville de Calais où vivent tant bien que mal des milliers de personnes, sans préciser quel sort « définitif » il réserve à ses habitants. L’état d’urgence a encore servi à y interdire la manifestation du 1er octobre « en solidarité avec les exilées ».
Le consensus guerrier entre la droite, la gauche, les chefs militaires et les industriels est parfait. Défendue par le chef d’état major des armées, Pierre de Villiers, l’augmentation progressive du budget militaire à 2 % du PIB est aussitôt avalisée par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il s’agit là tant de suivre la loi de programmation militaire de 2013 qu’un engagement des membres de l’Otan en 2014. Il passerait de 35 milliards d’euros aujourd’hui à 41 milliards en 2020. L’austérité ne concerne manifestement pas une armée qui de déploiements sur le sol français à la multiplication de guerres en Libye, en Centrafrique ou en Syrie accroît son emprise politique et son budget en normalisant les dépassements liés aux opérations extérieures.
Chaque bord politique s’en accommode très volontairement. « Deux chercheurs américains Guy Whitten et Laron Williams ont récemment démontré qu’un gouvernement de gauche peut tirer des bénéfices d’une non-diminution des dépenses militaires, en transformant ou « déguisant » le maintien de telles dépenses militaires en politiques sociales liées à la création d’emploi. Au fond, il s’agit d’adopter une politique inspirée du keynésianisme militaire. Ce résultat est important car il renverse le postulat simpliste selon lequel un gouvernement de gauche privilégie nécessairement les dépenses sociales par rapport aux dépenses militaires. » (Martial Foucault blog Secret Défense, 14/05/2012). Les récentes célébrations nationales de la vente de Rafale à l’Inde en sont une brillante illustration. Les « commentateurs » ont opportunément rappelé ce que ce « succès » doit à la démonstration de ces avions de combat lors des guerres au Mali ou en Libye. Hollande avait inauguré sa tournée commerciale le 15 janvier 2013 au Qatar, quatre jours après le déclenchement de Serval au Mali.
On appréciera, au regard de l’ensemble de la politique guerrière française, ce communiqué du ministère des Affaires étrangères au lendemain de la validation du passage en force d’Ali Bongo par la Cour constitutionnelle gabonaise : « La France demande également à ceux qui continuent de contester les résultats de récuser l’action violente et de poursuivre leurs revendications selon des voies qui ne remettent pas en cause la paix et le bien-être du pays. » On cherchera, en vain, une adresse directe au régime gabonais dont la répression de ces dernières semaines a fait des dizaines de morts [1]. Il y a violence et violence.
[1] Au moins 27 d’après Le Monde le 30/09/2016, mais des militantes gabonais évoquent des chiffres biens supérieurs