Survie

Libye : Dangereux forcing français pour des élections

rédigé le septembre 2018 (mis en ligne le 1er avril 2020) - Raphaël Granvaud

Pour renforcer la lutte contre les migrants et les groupes djihadistes, les autorités françaises veulent voir s’installer au plus vite un président à la tête de la Libye. Qu’importe si le calendrier précipité que la France veut imposer vient remettre en cause le processus de réconciliation initié, et risque de replonger le pays dans la guerre civile, d’autant que de multiples ingérences étrangères s’affrontent.

Sous couvert de réparer les dégâts causés par l’intervention militaire occidentale initiée par Sarkozy en 2011, Macron et Le Drian jouent les docteurs Diafoirus au chevet de la Libye. On se souvient que les prétentions du Président français et de son ministre des Affaires étrangères à régler la crise libyenne ne datent pas d’hier. L’année dernière ils pensaient avoir réussi un coup diplomatique en réunissant fin juillet à La Celle-Saint-Cloud deux des principaux protagonistes : Faïez Sarraj, le chef du gouvernement reconnu par l’ONU depuis l’accord de Skhirat fin 2015, et le maréchal autoproclamé Khalifa Haftar qui lui conteste militairement le pouvoir et tient l’Est du pays. La rencontre avait débouché sur une déclaration commune « approuvée » mais non signée par laquelle les deux hommes s’engageaient sur un cessez-le-feu et l’organisation d’élections démocratiques « dès que possible » (cf. Billets n° 270, septembre 2017). Malgré les efforts de Le Drian, les suites de cette déclaration étaient restées à peu près nulles et la démarche française avait suscité d’abondantes critiques. Ni les autres pays impliqués ni les institutions internationales n’avaient en effet été associés ni même réellement prévenus. De plus, limiter la rencontre à ces deux hommes semblait à la fois une lecture du conflit singulièrement restrictive en même temps qu’elle apparaissait surtout comme une contribution à la légitimation d’Haftar sur la scène politique.

Bis repetita placent

Un an après, la France tente de réitérer l’opération dans une version améliorée, mais la logique n’a pas fondamentalement changé. Le 29 mai dernier, c’est cette fois quatre personnalités libyennes qui ont été invitées : à nouveau Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar, mais aussi Aguila Salah Issa, président du parlement de Tobrouk et Khaled al-Mishri, président du Conseil d’Etat. Par ailleurs, il s’agissait désormais dans l’appellation officielle d’une « conférence internationale sous l’égide de l’ONU » en présence de représentants de 19 pays impliqués dans le dossier : les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Italie, l’Allemagne, l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Tchad, le Niger, les Émirats, le Qatar, le Koweit, la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Maroc, ainsi que du dictateur congolais Denis Sassou-Nguesso, au titre du comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye, et enfin de Ghassan Salamé chef de la mission de l’ONU pour la Libye.
L’accord mentionne cette fois des dates butoirs précises : le 16 septembre pour déterminer le cadre législatif dans lequel doivent se dérouler les élections, ces dernières étant fixées au 10 décembre 2018. C’est « une étape clé pour la réconciliation  » en Libye, s’est félicité le président français devant la presse, parlant d’«  une rencontre historique », qui a réuni «  l’ensemble des membres de la communauté internationale sous l’ombrelle des Nations Unies qui ont à connaître de la situation libyenne » (Conférence de presse du 30/05/18). En réalité, aucun des participants libyen ne s’est risqué à signer ce nouvel accord, derechef approuvé à l’oral uniquement. De plus, si le cadre multilatéral et la cohésion de la « communauté internationale » paraissent respectés sur la photo, les rivalités des pays qui soutiennent – y compris militairement - des factions antagonistes, voire se mènent une guerre par procuration, n’ont pas disparu. Haftar est ainsi armé par l’Égypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite tandis que le Qatar et la Turquie soutiennent les mouvances proches des Frères musulmans. Les différences d’approches des pays occidentaux et de la Russie, qui défendent leur propres intérêts, demeurent également (cf. infra) La plupart des pays présents se sont d’ailleurs contentés d’une représentation diplomatique limitée, aucun chef d’État non-africain ni aucun ministre n’ayant fait le déplacement ès qualité. Le 16 juillet Ghassan Salamé mettait en garde les membres du conseil de sécurité de l’ONU : « Si un seul État seulement décidait de faire cavalier seul, je peux affirmer que le processus politique ne mènera nulle part  » [1].

Des représentants-peu représentatifs…

En outre, si la France avait élargi à quatre le nombre des personnalités invitées, celles-ci sont très loin de représenter « l’ensemble des responsables libyens », contrairement à ce qu’a affirmé Macron dans son discours de clôture. « C’est une grande opération diplomatique pour le président Macron, mais c’est aussi une relégitimation pour trois acteurs libyens dont aucun aujourd’hui n’a une légitimité quelconque aux yeux des Libyens  » car « ils sont perçus comme responsables du blocage et de la situation actuelle », assure Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Rfi.fr, 30/05). L’ONG International Crisis Group (ICG) estimait également : « Négocier via des personnalités sans bâtir un consensus plus large au sein du paysage politique et militaire a toutes les chances d’être contre-productif » (Briefing n°58, 28/05) et qualifiait de « malsain[e] » le piédestal offert à quelques personnalités contestées au détriment de «  l’inclusivité et la représentativité des institutions politiques existantes » et de la prise en compte des « besoins de la population » (Lemonde.fr, 29/05). Les maires libyens en revanche, qui se sont déjà réunis à plusieurs reprises, transcendant les clivages existants, et qui avaient demandé à être associés aux différentes initiatives, sont toujours tenus à l’écart.

…ou une réconciliation -en profondeur ?

La précipitation et les partis pris français, bien que nos dirigeants s’en défendent, viennent mettre à mal le plan du représentant de l’ONU pour favoriser une réconciliation en profondeur de la société libyenne. Celui-ci, annoncé en septembre 2017, s’articule en effet autour de trois étapes : multiplier les consultations locales en vue d’une Conférence nationale, adopter un nouveau texte constitutionnel consensuel puis organiser les élections législatives et présidentielle. Tandis que Salamé s’efforce de réintroduire toutes les factions dans le jeu politique à la seule condition qu’elles renoncent à l’usage des armes, l’ONG Centre Henry Dunant pour le dialogue humanitaire est en charge de la première phase du processus. Plusieurs dizaines de rencontres consultatives ont été organisées au niveau des municipalités. « C’est un processus totalement original en Libye puisque c’est un processus qui pour une fois part du bas, au lieu des processus par le haut imposés souvent dans des réunions à l’étranger, hors sol, qui sont rejetés par une majorité de libyens qui ne veulent plus de ce type de processus », défend Patrick Haimzadeh, ancien diplomate qui conseille l’ONG (France culture, 01/06). Un rapport intermédiaire à la mi-mai 2018 faisait apparaître les principales préoccupations des Libyens : la réunification des institutions et de l’armée, l’existence d’un État qui retrouve ses prérogatives régaliennes et qui soit à même de sécuriser les biens, les personnes et les ressources du pays et de mettre un terme à la crise économique. Son contenu contredisait les affirmations de Macron sur la supposée volonté des Libyens d’aller au vote « le plus vite possible », les élections étant davantage perçues comme une suite logique de la réunification plutôt que comme un préalable.

Un président sinon rien

Si la diplomatie française ne manque pas de lui rendre hommage, le plan du représentant de l’ONU est en réalité jugé bien trop lent. En outre, alors que les autres chancelleries mettent davantage l’accent sur les élections parlementaires, seule compte à ses yeux l’élection présidentielle. Aucun bilan n’a visiblement été tiré de cette démarche déjà mise en œuvre en Centrafrique hier et au Mali avant-hier, ou la marche forcée à l’élection présidentielle au détriment d’un processus associant réellement la population n’a réglé aucune des crises que connaissent ces pays. «  Le statu quo est intenable car l’instabilité en Libye est une menace systémique pour l’Europe, l’Afrique du Nord et le Sahel », a fait savoir l’Elysée, qui évoque « aussi bien la menace terroriste que les trafics de migrants  », selon Lemonde.fr (28/05) . En 2017, la rencontre de La Celle-Saint-Cloud avait eu lieu avant même que Ghasam Salamé fasse connaître son plan d’action. « Se focaliser sur les élections, comme le fait la diplomatie française, est dangereux, mettait alors en garde Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye à l’université Paris VIII. On ne parle pas de l’avant ni de l’après. Or que fait-on des perdants ? Comment intègre-t-on les différents camps ? Si le gagnant dicte sa loi, le conflit risque de repartir de plus belle. » (Liberation.fr, 22/12/17) Un point de vue partagé par Patrick Haimzadeh, qui craint que des élections mal préparées n’aboutisse qu’à accroître les lignes de fracture au lieu de les résorber. «  L’opiniâtreté à vouloir organiser des élections le plus dement possible peut s’expliquer par des facteurs objectifs : plus le processus s’éternise, plus les milices renforcent leur mainmise. En revanche, précipiter de telles échéances, cruciales pour l’avenir de l’État libyen, ne devrait pas conduire à revivre le scénario des élections de 2014, qui a plongé le pays dans une nouvelle crise », s’inquiète également un récent rapport du Sénat (« Libye : entre sortie de crise et tentation du statu quo », 27/06). Aucun de ces problèmes n’a été réglé, mais la France tente d’imposer des élections avant la fin 2018, faute d’avoir pu les faire se tenir au printemps dernier. Le calendrier français pose en outre d’autres problèmes techniques et politiques. Par exemple, quelles seront les prérogatives d’un président (fonction aujourd’hui inexistante) si son élection précède l’adoption consensuelle d’une nouvelle constitution censée les définir ? Et comment organiser un scrutin acceptable dans un pays qui est loin d’être pacifié, où les autorités politiques sont tenues en otages par des milices, où d’autres groupes armés ( djihadistes, mercenaires tchadiens et soudanais...) pullulent et où l’embargo sur les armes n’est pas respecté et les responsables aucunement sanctionnés par l’ONU, en dépit des rapports du groupe d’expert des Nations unies ?

Une neutralité-très partisane

«  La focalisation de Paris sur la présidentielle est perçue comme une faveur concédée au maréchal Haftar qui n’a jamais fait mystère de son penchant pour le pouvoir personnel  », estime le correspondant du Monde (Lemonde.fr, 28/05) Haftar ne fait en effet pas grand cas d’un quelconque processus de paix et Paris ne semble pas s’en formaliser. A peine le sommet de Paris terminé, celui-ci a en effet repris ses offensives militaires, d’abord pour « libérer » la ville de Derna des djihadistes, tandis que Khaled Mishri, le président du Conseil d’État et autre invité du sommet de Paris, appelait lui à la cessation des combats. Il est ensuite reparti à l’assaut du croissant pétrolier que lui disputent les Brigades de défense de Benghazi alliées à d’autres milices et a repris deux des principaux sites par lesquels le pétrole est exporté. Dans les deux cas, des crimes de guerre ont été commis, dont la Manul, la mission de l’ONU dans le pays s’est alarmé. A Derna, l’offensive de l’Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar « pose un problème humanitaire, dans la mesure où la population est prise au piège, et un problème politique vis-à-vis de la région de l’ouest, avec des risques de représailles entre milices  », estimait M. Frédéric Desagneaux, envoyé spécial pour la Libye au Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, auditionné le 7 juin par la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat. Aucun problème en revanche aux yeux de son ministre de tutelle ou de son président. Haftar, qui bénéficiait déjà du soutien du COS et de la DGSE, a reçu pour son offensive le renfort de CAE aviation, une entreprise liée aux services secrets de la DGSE (contre-espionnage) et à la DRM (renseignement militaire). Un avion spécialisé dans le renseignement (caméra nocturne, interception des communications) a été mis à la disposition du chouchou des autorités françaises. On comprend que la « neutralité » française ait du mal à être prise au sérieux par les Libyens ou les « partenaires » étrangers.

Un allié problématique

Haftar s’est senti pousser des ailes au point de remettre les installations pétrolières sous contrôle de son armée aux autorités de l’Est, ce qui équivalait à une véritable déclaration de guerre contre le gouvernement de Fayez Sarraj. Les résolutions de l’ONU stipulent en effet que le pétrole doit rester sous le contrôle exclusif de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) supervisée par le gouvernement reconnu par la « communauté internationale ». «  Haftar est arrogant parce que certains Etats l’encouragent en lui promettant leur soutien  », estime Jalel Harchaoui (AFP, 30/06). Mais la ligne rouge semble avoir été franchie et le maréchal n’a pas tardé à rétropédaler sous pression des pays occidentaux et de leurs compagnies pétrolières. Si le soutien français à Haftar est réel, il ne paraît en revanche ni inconditionnel ni gravé dans le marbre, et l’accession au pouvoir de celui qui se verrait bien en nouveau Sissi en Libye n’est sans doute pas le seul scénario envisagé. Haftar cherche d’ailleurs d’autres soutiens, notamment du côté de la Russie. S’il est dans une position de force au plan militaire et accepte de jouer les auxiliaires dans la guerre contre le terrorisme, en échange de quoi l’Elysée et le ministre des Affaires étrangères lui donnent quitus pour son faux nez de démocrate, il n’est pas pour autant l’allié idéal. Depuis 2014, ses troupes, malgré leur supériorité militaire, n’ont pas conquis suffisamment de territoire pour permettre une résolution militaire de la crise. Elles commettent par ailleurs de nombreux crimes, et l’un des lieutenants d’Haftar, Mahmoud Al Werfalli, est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Haftar lui-même est visé par deux plaintes pour torture devant les tribunaux français par des citoyens libyens en exil. A ce jour, le parquet ne s’est pas encore prononcé sur leur recevabilité. Et enfin, Haftar est âgé et malade. En avril, il a été hospitalisé (d’abord secrètement) pendant une quinzaine de jours à Paris, tandis que certains acteurs libyens le donnaient mort et que son probable successeur, Abdessalam al-Hassi, également soutenu par l’Egypte et les Emirats, était « le seul officier libyen à être reçu à l’Elysée par des conseillers d’Emmanuel Macron le 9 avril dernier » (Rfi.fr, 21/04)

Stabilisator (et à travers)

Le 27 août, lors de son discours à la Conférence des Ambassadeurs, Emmanuel Macron a insisté sur l’un des enjeux de la diplomatie française : « Tant que nous n’aurons pas stabilisé la Libye, il sera impossible de stabiliser durablement le Sahel ». Tant qu’il n’aura pas compris que nous sommes les plus mal placés pour éteindre les incendies que nous allumons, il lui sera impossible de prétendre durablement se démarquer de ses prédécesseurs.

Le Drian assure le service après vente

Comme après la précédente rencontre organisée par la France, Le Drian s’est occupé du service après-vente et s’est rendu en Libye fin juillet pour rappeler les différents participants à leurs « engagements », et pour tenter d’apaiser la méfiance des élus de Misrata qui n’avaient pas été conviés. Début juin, il s’était déjà rendu au Congo-Brazzaville et au Tchad, puis en Egypte fin juin. C’est que les initiatives parallèles ou concurrentes ne manquent pas. Des rencontres ont déjà été organisées au Maroc et en Tunisie. L’Égypte, qui soutient Haftar, est en charge d’un processus censé conduire à la réunification des armées. Peu avant la rencontre organisée par la France, Jean-Yves Ollivier, vieille figure de la Françafrique et aujourd’hui poisson pilote de Sassou Nguesso, avait également organisé une rencontre de différentes personnalités (boycottée par les partisans de Haftar) au Sénégal (ce qui, pour l’anecdote, lui avait valu les louanges de Nicolas Beau, du site mondafrique.com). Cette dernière semblait avoir pour principal objectif de réintroduire les kadhafistes dans le jeu politique, mais sans doute aussi de rappeler à la France l’éventuel pouvoir de nuisance de Sassou Nguesso, officiellement en charge du dossier libyen pour l’UA, mais visiblement irrité d’être battu un peu froid par la présidence française. Une suite est annoncée pour septembre. D’où l’escale de Le Drian pour passer de la pommade au dictateur congolais et accorder leurs violons. Mais d’autres acteurs étrangers jouent leur propre partition, qu’il s’agisse des pays arabes, de la Grande Bretagne, des États Unis ou de l’Italie.
Cela explique la position du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est félicité le 6 juin « de la dynamique créée par la conférence internationale sur la Libye organisée à Paris » [2], mais s’est en revanche bien gardé d’en adopter le calendrier. Et après le passage de Le Drian, l’Italie s’est empressée de dépêcher sa ministre de la Défense, Elisabetta Trenta, pour aider la Libye « à résister aux ingérences étrangères ». Il faut rappeler que l’Italie forme les « garde-côtes » libyens et en réalité les dirige pour faire la chasse aux embarcations de migrants. « Nous ne croyons pas qu’une accélération du processus électoral puisse apporter la stabilité (à la Libye) si elle n’est pas accompagnée » de la réconciliation des Libyens et du retour à la sécurité, a insisté Trenta, exprimant pour la première fois ouvertement un désaveu de l’accord de Paris (AFP, 25/07). Le Premier ministre italien a quant à lui fait savoir que son pays organiserait aussi en septembre prochain une conférence internationale sur la Libye. On ne saurait exprimer plus clairement le fait que l’Italie, ancienne puissance coloniale et premier investisseur étranger dans le pays et premier bénéficiaire du pétrole libyen, n’entend pas laisser la France piétiner plus longtemps ce qu’elle considère comme ses plates bandes. Chacun cherche en effet à se positionner pour les futurs chantiers de « reconstruction » du pays, les programmes de privatisation promus par les Institutions financières internationales ainsi que le retour d’une production pétrolière à envisagé. Hafplein régime (Total est déjà présent, comme d’autres compagnies étrangères, sous la forme de join-venture avec la NOC et a racheté en mars 2018 les parts de l’américain Marathon Petroleum pour 350 millions d’euros). Avec de tels parrains, les Libyens ne sont pas tirés d’affaire...
Raphaël Granvaud

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 280 - septembre 2018
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