En visite officielle à Dakar le 17 novembre dernier, Édouard Philippe a procédé
à la première restitution d’un bien culturel
africain depuis la remise du rapport des universitaires Felwine Sarr et Bénédicte Savoy,
en novembre 2018. Ce rapport avait été
commandé après les promesses faites par
Macron à Ouagadougou en 2017 : « Je veux
que d’ici cinq ans les conditions soient
réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique » (cf. Billets n°273, décembre
2017 janvier 2018). Il s’agissait de restituer au Sénégal l’une des épées qui
aurait appartenu à El Hadj Oumar Tall, fondateur de l’empire toucouleur (en fait un
prêt pour cinq ans renouvelable, le droit patrimonial français ne permettant pas à ce jour de sortir un objet des collections nationales). Mais « le rapport que nous avons
écrit avec Bénédicte Savoy n’a pas été évoqué. C’est comme si la restitution de ce
sabre était déconnectée de tout le débat qui
a lieu depuis 2018 sur cette question », regrette Felwine Sarr ( Jeune Afrique, 21/11).
Lors de son discours, le Premier ministre
français a en effet préféré disserter sur son
goût personnel pour les sabres (« J’en possède un qui me suit partout, dans mes différents bureaux »), le savoir-faire de la
métallurgie française et la coopération sécuritaire avec le Sénégal dans le cadre de la lutte contre le terrorisme (Le Monde
Afrique, 18/11)... Un discours « un peu hors
sujet » qui témoigne d’un « manque de solennité de la part de la France », estime
l’universitaire sénégalais. Il faut dire que le
Premier ministre français, venu avec six
autres ministres du gouvernement, s’était
surtout déplacé pour signer des accords et
contrats, notamment la vente de trois patrouilleurs équipés de missiles, censés répondre aux nouveaux besoins du pays.
Celui-ci doit en effet devenir producteur de
pétrole et de gaz offshore à partir de 2021
(cf. Billets n°291, novembre 2019)...