Voilà un an jour pour jour que la République Française accueillait en grande pompe le Chef de l’État burkinabé Blaise Compaoré sur le perron de l’Élysée à Paris.
La chaleureuse poignée de main des présidents Jacques Chirac et Blaise Compaoré, le 15 Octobre 2001, a été ressentie par les proches du défunt Thomas Sankara, les militants burkinabés qui exigent la vérité et la justice dans cette affaire, comme un nouveau coup de poignard à la mémoire de ce fils du pays des hommes intègres.
L’indéfectible amitié des plus hautes autorités françaises pour Blaise Compaoré, organisateur et principal bénéficiaire de l’assassinat de Sankara le 15 octobre 1987, repose sur une solide complicité. Celle-ci, tissée au fil des ans, a prospéré sous la houlette de la nébuleuse françafricaine de longue durée, dont certaines implications régionales ne sont pas absentes. Bénéficiant de ces appuis, et disposant dans son pays d’une justice domestiquée et largement corrompue, le régime Compaoré a pu orchestrer à sa guise, pendant quinze ans, toutes les manœuvres juridico-politiques dans le but d’enterrer à jamais ce dossier sanglant.
Alors que le régime burkinabé pensait en avoir fini avec l’encombrant dossier, en recourant subrepticement à l’argument de la prescription [1], deux initiatives judiciaires concertées viennent d’être engagées : l’une par un collectif d’avocats déposant une plainte auprès du Comité des droits de l’Homme du Haut Commissariat des Nations Unies à Genève, l’autre au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou par une nouvelle plainte contre X pour séquestration.
Ces récentes procédures judiciaires ouvrent un nouvel espace de combat et constituent un motif de satisfaction pour toutes celles et ceux qui exigent la lumière et la justice. Un large et vigoureux mouvement citoyen accompagnera certainement cette nouvelle offensive contre l’impunité d’un régime qui accumule, depuis de trop nombreuses années, crimes économiques et de sang, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur [2].
Malgré les inquiétudes sur l’issue du combat, une certitude s’est ancrée dans de nombreux esprits au Burkina (mais pas seulement, en Afrique et ailleurs aussi) : le régime Compaoré ne viendra jamais à bout de ce qu’incarne pour ces Burkinabé la mémoire de Thomas Sankara, l’idéal de justice sociale et d’indépendance qui a animé son œuvre. Comme en attestent les mobilisations au Burkina Faso et leurs nombreux soutiens au plan international pour tourner la page d’un règne fait d’assassinats, de corruption et de trafics mafieux en tous genres.
Survie s’associe à l’élan de sympathie exprimée de par le monde à la famille Sankara. Elle se tient aux côtés de celles et ceux qui sont engagés dans la lutte pour établir la vérité sur la disparition de Thomas Sankara, et la justice au nom de sa mémoire.