Survie

Jamais deux sans trois

Publié le 11 octobre 2002

A la mi-septembre 2002, Paris déroule le tapis rouge sous les pieds du Président congolais Denis Sassou N’Guesso qui n’en finit pas de tyranniser son peuple.

Début octobre, le tyran de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, foule le même tapis rouge.

Jamais deux sans trois : c’est au tour du "vieux sage de l’Afrique" (qui y parraine bien des turpitudes), d’arriver dans nos murs pour une "visite privée" de plusieurs jours [1]. Il s’agit du Président du Gabon, Omar Bongo, on l’aura deviné. Le chef de l’Etat gabonais quittera Paris pour Beyrouth afin de participer au sommet de la Francophonie dont la tenue est prévue les 18 et 20 octobre prochains.

Il est permis de s’interroger sur la nature strictement privée des visites à Paris, si fréquentes, des chefs des néocolonies françafricaines. Cette fréquence semble excéder les occupations qui relèvent de la vie privée du Président gabonais (sauf à y inclure la gestion d’un patrimoine surabondant). Qu’est venu faire en France Omar Bongo à la veille du rassemblement libanais ?

S’il s’agit de faire appel à sa "sagesse", nous rappelons à ses interlocuteurs éventuels que celle-ci n’est pas évidente. Il suffit pour s’en convaincre d’en discuter avec les citoyens gabonais qu’il terrifie : ils taisent ce qu’il souhaiteraient crier parce qu’ils vivent dans la crainte.

Il s’agit sans doute d’autre chose. Quoi donc ? La préparation du sommet ? Peut-être : Omar Bongo y défend la candidature de l’ambassadeur à Paris, Henri Lopes, de son beau-père Denis Sassou Nguesso, accusé de crimes contre l’humanité… S’il devait être question (c’est bien possible…) du drame qui pend au nez des Ivoiriens, espérons que la sagesse prévaudra malgré tout. Les troupes françaises sont en Côte d’Ivoire, elles relèvent des autorités de ce pays. Voilà des faits, parmi bien d’autres qui caractérisent la crise ivoirienne, que le moment viendra d’examiner de près. Les autorités de ce pays n’ont qu’une seule mission à accomplir : aider la Côte d’Ivoire à trouver en elle même des solutions qui préservent la vie de tous ses habitants. Les "intérêts de la France" quels qu’ils soient, passent après.

[1Selon l’AFP du 10 10 02, citant une source diplomatique à Libreville. D’autres sources avaient déjà annoncé cette visite sans avoir eu besoin d’interroger la diplomatie gabonaise

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