Il y a 29 ans, les Français.es approuvaient par référendum le principe d’un processus de décolonisation de la Kanaky (Nouvelle-Calédonie). Le souvenir de cet épisode rappelle le soutien dont jouissait à l’époque le peuple kanak en France et l’obligation démocratique de l’État français de mener à terme ce processus.
La colonisation de la Nouvelle-Calédonie par la France, commencée il y a 165 ans, a toujours rencontré la résistance des Kanaks. A l’issue d’un des derniers épisodes d’affrontement, les « événements » de 1984-1988, des négociations furent ouvertes et débouchèrent sur la mise en place d’un processus de décolonisation progressive. Ces accords, dits de Matignon-Oudinot, prévoyaient notamment la consultation du peuple français sur l’autodétermination du territoire, qui prit la forme d’un référendum le 6 novembre 1988. Bien que peu suivi, le vote fut favorable à 80% [1].
Le processus de transfert progressif des compétences de l’État français vers les autorités locales doit normalement aboutir fin 2018 à une consultation en Kanaky sur le transfert des dernières compétences régaliennes.
Dans un contexte de mobilisations en France en soutien « à la lutte du peuple kanak », le résultat du référendum du 6 novembre 1988 était un signal en faveur de la décolonisation.
Ce résultat reste un mandat impératif confié au gouvernement français pour respecter les engagements de l’État et pour mener à terme ce processus de décolonisation avec sincérité et sans obstacle. Entre autres signes, les déboires sur la constitution du corps électoral qui participera à cette consultation incitent à la vigilance sur le comportement de la France. Si le tout récent accord semble leur avoir donné partiellement satisfaction, il faut rappeler que les indépendantistes réclamaient jusque-là l’inscription automatique de tous les Kanaks et que des milliers d’inscriptions irrégulières de Français avaient été constatées, ce qui a été pointé par un rapport du Comité de décolonisation de l’ONU.
[1] Comme le rappelle la page Wikipedia sur les Accords de Matignon, la question posée était : « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le Président de la République et portant dispositions statutaires et préparatoires à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en 1998 ? ». Selon les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, la loi fut approuvée à quasiment 80 % des suffrages exprimés, pour une participation de près de 37 % du corps électoral français.