Au vu de la situation sanitaire, qui touche durement les communautés océaniennes, la France doit reporter la date du troisième référendum d’indépendance en Kanaky Nouvelle Calédonie, conformément aux demandes du mouvement indépendantiste.
Le choix de la date du 12 décembre 2021 était déjà une décision arbitraire. Le mouvement indépendantiste demandait une date plus proche de la fin 2022, pour laisser s’écouler deux ans depuis le référendum précédent et mener une campagne sereine. L’État français s’était finalement aligné sur les franges les plus dures des partisans de la Calédonie française et avait imposé cette date sans faire mine de chercher un consensus comme c’est pourtant l’usage entre les différents courants politiques du pays.
La Kanaky Nouvelle Calédonie se trouve à plus de 17 000km de la France et la situation sanitaire liée au Covid 19 est donc tout autre. Le pays avait été jusque là relativement épargné, grâce à un contrôle strict des entrées des personnes. Mais depuis septembre, le coronavirus frappe fort. Et il frappe tout particulièrement les populations océaniennes, souffrant de facteurs de comorbidités (obésité, diabète, conditions de vies précaires [1]).
D’une part, les restrictions de circulation (confinements, couvre-feu) ne permettent pas le déroulement d’une campagne politique autour du référendum d’indépendance. D’autre part, bien des familles kanak sont en deuil. Le FLNKS [2], comme toutes les autres organisations indépendantistes, exige donc logiquement le report de la date du 12 décembre [3]. La coalition indépendantiste a appelé à la « non-participation » au référendum en cas de maintien de cette date. Le FLNKS est soutenu dans sa position par le groupe du Fer de lance Mélanésien, à travers l’ambassadeur de Papouasie-Nouvelle Guinée aux Nations Unies [4]. Ce troisième référendum ne peut en aucun cas être considéré comme crédible et ses résultats acceptés sans la participation du camp indépendantiste.
La France a jugé nécessaire de reporter de plusieurs mois le second tour des élections municipales en 2020 sur son territoire au vu de la situation sanitaire d’alors. Ce troisième référendum revêt une importance cruciale pour l’avenir de la Kanaky Nouvelle Calédonie. Sauf à considérer que les vies des Océaniens valent moins que les vies françaises, ou à insulter des familles en deuil, la France doit impérativement repousser la date de ce référendum.
L’association Survie soutient donc l’exigence du mouvement indépendantiste de Kanaky Nouvelle Calédonie de report de la date du 12 décembre pour le troisième référendum d’indépendance.
Ce mercredi 27 octobre à 19h, l’association Survie animera un webinaire où seront présentés et analysés les différents enjeux du référendum. Pour en savoir plus sur cet événement : https://fb.me/e/mdZIEseFs
Contact presse : Mehdi Derradji - 06 52 21 15 61 - mehdi.derradji@survie.org
En complément :
[1] Autant de facteurs liés à la colonisation et aux discriminations.
[2] Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste, principale coalition de partis indépendantistes du pays.
[3] Même le parti pro-France "Calédonie ensemble" s’est prononcé pour conditionner la tenue du référendum aux indicateurs sanitaires.
[4] « ne pas [reporter cette date] pourrait avoir de graves conséquences sur la participation significative des électeurs éligibles au processus référendaire, et notamment sur les communautés vulnérables qui souffrent déjà de manière disproportionnée de la pandémie de Covid-19. Cela pourrait également soulever de sérieuses questions sur la crédibilité et l’intégralité des résultats du référendum. Cela doit être évité. »