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Le despote tchadien reçu à l’Elysée : Macron poursuit son initiation à la Françafrique

Publié le 12 juillet 2017 - Survie

C’est par un simple tweet accompagné d’une vidéo [1] que l’Elysée a annoncé qu’Emmanuel Macron avait reçu Idriss Déby ce mardi 11 juillet, à l’occasion d’une « visite privée  » d’après la présidence tchadienne. Celle-ci a immédiatement saisi l’occasion de communiquer sur ce soutien, en évoquant un échange « sur toutes les questions d’intérêt commun liant le Tchad à la France  » [2].

L’Élysée prétend qu’il s’agit du « suivi des décisions du G5 Sahel », qui s’était réuni seulement 9 jours avant à Bamako en présence d’Emmanuel Macron.

Pour Fabrice Tarrit, co-président de Survie, « voir le nouveau président français recevoir un dictateur emblématique de la Françafrique deux mois après son élection, c’est un signal désolant de continuité avec la politique de ses prédécesseurs. En prétendant "lutter contre le terrorisme", la France soutient un chef d’État qui fait partie du problème plutôt que de la solution en matière de conflits régionaux et de dégradation des conditions de vie des populations locales.  »

Fabrice Tarrit ajoute « Le dogme de la "stabilité", qui a permis de justifier le soutien à des dictateurs qui laissent leur pays exsangue et sapent les efforts des forces démocratiques, a trouvé un nouveau promoteur. Avec des pratiques aussi éculées, Emmanuel Macron ne peut plus prétendre incarner la modernité en matière diplomatique. » [3]

Cette visite n’est pas sans rappeler la scandaleuse réception d’Ali Bongo Ondimba à l’Elysée deux mois après l’élection de François Hollande, qui avait suscité une polémique médiatique et politique.

[2Voir le site de la présidence tchadienne.
Dans une interview récente à des médias français, le dictateur tchadien n’avait pas hésité à reporter la responsabilité de sa longévité au pouvoir sur la France, dont il se félicite pourtant du soutien aujourd’hui

[3Cette réception est intervenue le jour même où des jeunes de l’opposition tchadienne avaient demandé dans une lettre ouverte aux chancelleries occidentales de cesser de soutenir le régime en place.

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