Survie

TCHAD : silence de la France

Publié le 28 septembre 2005

« Tchad : silence de la France »

Il y a 60 jours, une quarantaine d’organisations africaines, américaines et européennes adressaient une Lettre ouverte à l’attention du ministre français des Affaires étrangères, du Commissaire européen au Développement et du Président de la Banque Mondiale [1]. Cette Lettre mettait en lumière la dégradation de la situation au Tchad, l’emprisonnement de plusieurs journalistes indépendants ainsi que le discours du 14 juillet de l’Ambassadeur de France au Tchad, véritable feu vert pour les agressions contre la liberté de la presse du Président tchadien Idriss Déby.

Répondant le 16 août, la Banque mondiale s’est contentée de rappeler « l’importance de la liberté de la presse » et, de façon plus générale, « de l’accès du public à l’information dans le contexte du développement et de la lutte contre la pauvreté ».

Deux mois après, la Commission européenne nous assure de « son attachement à l’accès du public à l’information », en se disant prête à « soulever, dans le cadre du dialogue politique prévu par la Convention de Cotonou, et avec l’accord des Etats membres, la question de ces emprisonnements ».

Quant au ministre français des Affaires étrangères, celui-ci semble avoir jugé inutile de nous honorer d’une quelconque réponse à notre interpellation.

Les journalistes arrêtés et incarcérés au Tchad ont été remis en liberté le 27 septembre par la Cour d’appel de N’Djaména. Les organisations de défense des droits de l’Homme, jointes à N’djaména, nous avaient préalablement informés que le Président Déby avait décidé qu’il en serait ainsi. Il semble que la mobilisation sur la question ait contribué à cette libération. Elle aurait également obligé la communauté internationale, la France notamment, à exercer une amicale pression sur le pouvoir tchadien afin de mettre fin à une situation devenue embarrassante.

Nous invitons la communauté internationale à ouvrir les yeux sur la situation au Tchad au lieu de faire semblant de s’en soucier. Les intimidations à l’égard de la presse indépendante et les défenseurs de droits de l’homme [2], la dégradation de la situation socio-économique malgré l’arrivée des revenus pétroliers, enfin la récente révision de la constitution, sont des signes trop inquiétants pour l’avenir du pays pour ne pas être pris en compte par tout politique le concernant.

[1Lettre ouverte du 28 juillet 2005 initiée par l’association Survie

[2Nous venons d’apprendre l’arrestation du directeur d’une radio privée tchadienne, journaliste d’origine iranienne résidant au Tchad depuis plusieurs décennies, qui serait menacé d’expulsion. Si elle est confirmée, elle sera l’illustration que l’accès du public à l’information est encore loin d’être une réalité tchadienne

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