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Au chevet du climat à New Delhi

Publié le 23 octobre 2002 - Survie

Libération, France, 23 octobre 2002.

Plusieurs milliers de délégués de 185 pays entament aujourd’hui, et jusqu’au 1er novembre, à New Delhi (Inde), un nouveau round de discussions sur le réchauffement climatique. La huitième Conférence annuelle des parties à la convention Climat de l’ONU doit évaluer l’état d’avancement du protocole de Kyoto.

Malgré le refus américain de signer le texte [1], 96 Etats ont déjà approuvé ou ratifié ce protocole. Ces derniers représentaient 37,2 % des émissions de gaz carbonique en 1990, année qui sert de référence. Le protocole entrera en vigueur dès que les signataires représenteront l’équivalent de 55 % des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés. Ce qui sera probablement le cas au début de l’année prochaine si la Russie (responsable de 17,4 % des émissions) ratifie le texte comme prévu.

Le protocole de Kyoto fixe un objectif de réduction globale de 5,2 % des rejets de CO2 pour les pays industrialisés entre 1990 et 2012. En dépit d’un effet jugé dérisoire sur le réchauffement [2], et à dix ans seulement de l’échéance, la cible recule à vue d’oeil : les émissions des pays industriels ont crû de 8,4 % entre 1990 et 2000, surtout à cause des Etats-Unis ; parallèlement, celles des pays de l’ex- bloc communiste ont chuté de 38 % en raison des restructurations économiques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions de CO2 des pays riches — Etats-Unis inclus — devraient dépasser en 2010 de 29 % le niveau fixé par le protocole de Kyoto. Et de 40 % en 2030 si aucune nouvelle mesure n’est ajoutée pour endiguer la hausse (lire ci-contre). S’y ajouteront les rejets croissants des pays du Sud, à commencer par la Chine.

Les Etats-Unis seront « un partenaire actif » à New Delhi, a annoncé Harlan Watson, le chef de la délégation américaine, avant son départ pour l’Inde : « Nous suivrons les discussions très attentivement, bien évidemment, pour protéger nos intérêts nationaux. » La conférence doit aussi se pencher sur les transferts de technologies pour aider les pays du Sud à réduire leur vulnérabilité aux effets du réchauffement. Mi-août [3], Sunita Narain, la présidente du Centre indien de la science et de l’environnement, avait lancé un appel au gouvernement indien pour qu’il ne laisse pas la conférence se focaliser sur cette vulnérabilité et qu’il refuse de reléguer au second plan l’exigence d’une réduction indispensable des rejets de gaz carbonique dans les pays industrialisés. Seul moyen pour que la facture ne soit pas trop lourde pour les pays du Sud.

Par Denis DELBECQ

© Libération

[1En 1990, les USA représentaient 36,1 % des rejets de gaz carbonique.

[2Un respect des engagements de Kyoto atténuerait de seulement 0,06 degré le réchauffement attendu d’ici un siècle, évalué entre 1,4 et 5,6 degrés par les experts de l’ONU.

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