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Marine Le Pen fait la promotion de la Françafrique dans son tract de campagne

Publié le 4 mai 2017 - Survie

Dans son tract de campagne, Marine le Pen fait la promotion de la Françafrique, en se vantant de sa rencontre avec le dictateur tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 27 ans.

Marine le Pen a été récemment [1] reçue par un des dictateurs les plus sanglants de la Françafrique, et s’en vante dans son tract de campagne de l’entre-deux-tours.

Cette visite purement intéressée au dictateur tchadien n’avait comme principal objectif que d’essayer de faire croire à une supposée stature internationale de la candidate. Cette rencontre est la preuve du mépris de Marine Le Pen pour le peuple tchadien et pour les Africains en général, et est une illustration de son soutien à des régime autoritaires.

Marine Le Pen fait ainsi la promotion de la Françafrique et du dictateur tchadien, alors même que l’actualité, avec l’arrestation récente de militants de la société civile tchadienne (voir ici ou ), remet sur le devant de la scène, une fois de plus, les violations des droits de l’Homme dont sont victimes les Tchadiens.

Quand Mme Le Pen affirmait lors de sa visite au dictateur tchadien vouloir rompre avec la Françafrique, elle perpétue ainsi un double discours, inique, maintes fois entendu par ailleurs. Un double discours et un soutien au dictateur tchadien, comme l’ont tenu et apporté avant elle Nicolas Sarkozy ou François Hollande - et à travers ce dernier, son ministre de la Défense M. Le Drian.

M. Macron indique quant à lui dans son programme qu’il souhaite une nouvelle politique en Afrique et la paix sur ce continent. S’agit-il d’une « paix » qui servira aux entreprises française au prix d’un soutien à des dictateurs pour les aider à se maintenir au pouvoir (Tchad, Cameroun, Gabon, Congo, Mauritanie...) ? Ou s’agit-il d’une paix pour les Africains eux-mêmes afin qu’ils puissent vivre dignement, dans des pays démocratiques, avec des dirigeants qu’ils se seront librement choisis ?

La vision court-termiste d’une coopération militaire avec la dictature d’Idriss Déby, qu’a pratiquée M. Le Drian, soutien à M. Macron, pour aider à la lutte contre les terroristes installés dans le Sahel (la seule chose qui semble intéresser les politiques français) tout en facilitant la répression tout aussi réelle du clan Déby sur la population tchadienne (le sort des Tchadiens étant la dernière roue du carrosse), est-ce là la position de M. Macron ?

Quelle voix ont Mme Le Pen et M. Macron pour les citoyens et militants des droits de l’Homme tchadiens arrêtés arbitrairement, emprisonnés, torturés ?

Aucun des deux candidats n’a en tous cas annoncé la nécessité de mettre enfin un terme à la coopération sécuritaire que la France maintient avec le Tchad et ce régime dictatorial dénoncé de toutes parts.

Annexes

Extrait du tract de Marine Le Pen

Extrait de déclarations de Marine Le Pen

Le 3 mai, lors du débat du second tour, Marine Le Pen parlait du « deux poids deux mesures » des socialistes concernant les droits de l’Homme.

« Le contraire de l’impérialisme c’est le fait de respecter toutes les nations. Et moi je crois que la France soit à nouveau l’État qui soit respectueux de toutes les nations. Ça veut dire respectueux de leur identité, ça veut dire respectueux de leur culture, ça veut dire respectueux de leur système d’organisation politique aussi. La moralisation, les leçons de morale (que vous donnez d’ailleurs, les socialistes c’est leur grande spécialité, les leçons de morales)... vous donnez des leçons de morale à la terre entière. Enfin, pas à la terre entière, c’est aussi ça le problème, il y a deux poids deux mesures. Il y a ceux à qui vous donnez des leçons de morale et il y a ceux qui sont vos amis, comme le Qatar, l’Arabie saoudite... »

La candidate du Front National avait déjà déclaré lors de son discours à N’djaména vouloir « rompre avec la Françafrique », en précisant :

« N’allez pas en conclure que je ne considère pas la démocratie et la défense des droits humains, notamment la défense des droits des femmes, comme absolument nécessaire, en Afrique comme partout ailleurs : elles le sont incontestablement. Mais la France doit agir avec intelligence, retenue et ne pas pratiquer la politique des « deux poids deux mesures » avec quelquefois des interventions ou des actions inexplicables. Quelle est la crédibilité de la diplomatie française quand elle fait pression pour que le chef d’État d’un pays faible applique strictement les règles démocratiques, et ne dit rien à celui d’un pays fort qui ne respecte rien ? Quelle en est la motivation ? Nous avons tant perdu en crédibilité ces dix dernières années, avec ce « deux poids, deux mesures » si injuste… »

Au regard de son excellent contact avec le dictateur Idriss Déby, dont elle se prévaut, on comprend aisément que Marine Le Pen ne fera probablement pas de "deux poids deux mesures" mais respectera tous les dictateurs.

[1Le 21 mars 2017 à N’Djamena

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