Mais l’intervention française vient trop tard et ne permet pas d’éviter l’effondrement des FAR. Le 4 juillet 1994, Kigali tombe aux mains du FPR. Le gouvernement intérimaire rwandais n’est plus, aux yeux de la France, que « les autorités de Gisenyi ». Le 11 juillet, le général Jean-Claude Lafourcade, commandant de la force Turquoise, leur fait savoir qu’en cas d’offensive sur Gisenyi, elles seront autorisées à entrer dans la zone humanitaire sûre « en simples réfugiés ». Le 13 juillet, Lafourcade retransmet à ses commandants de groupements les instructions qu’il a demandées à Paris concernant les membres du gouvernement intérimaire qui viendraient se réfugier dans la zone Turquoise : « nous n’avons pas à arrêter ni à séquestrer personne » [1].
Pourtant, le 15 juillet, une note du Quai d’Orsay indique que les « personnalités politiques de Gisenyi » ont été averties que « leur présence dans la zone n’était pas souhaitée » et amènerait les Français « à les mettre en résidence surveillée jusqu’à remise aux Nations Unies ». Si cette note juge la quasi-totalité des ministres du GIR « responsable des massacres », l’ambassadeur Yannick Gérard, présent sur place, ne se paie pas de mots et affirme pour sa part, dans un télégramme diplomatique du 15 juillet, que « les autorités portent une lourde responsabilité dans le génocide » [2]