Survie

La France, complice silencieuse de l’écrasement des Togolais-es

Publié le 4 juillet 2025

L’association Survie exprime toute sa solidarité avec les manifestant-es togolais-es réprimé-es dans le sang. La violence qui s’abat sur les manifestant-es togolais-es aspirant à l’émancipation exige l’arrêt immédiat de toute forme de coopération militaire et policière entre Paris et Lomé.

L’association Survie exprime toute sa solidarité avec les manifestant-es togolais-es réprimé-es dans le sang et dans le silence pour leur opposition au règne de Faure Gnassingbé, issu d’une dynastie à la tête du Togo depuis 60 ans. La violence mortelle du régime dictatorial - maintenu au pouvoir notamment grâce à l’appui du généreux Bolloré [1] - se déchaîne grâce à la complaisance du gouvernement français. Le "pays des droits de l’Homme", silencieux lors du coup d’état institutionnel d’avril 2024, fait fi des violations des droits humains et maintient coûte que coûte sa coopération militaire et policière avec Lomé.


Aux côtés de la dénonciation de la vie chère, des arrestations arbitraires d’opposant-es politiques, la dernière réforme constitutionnelle de Gnassingbé est au cœur des mobilisations populaires en cours. Le 19 avril 2024, le régime togolais a fait adopter, sans aucune légitimité populaire ni débat transparent, une nouvelle Constitution taillée sur mesure pour permettre à Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir. Un changement institutionnel, imposé par un Parlement monochrome, et qui constitue en réalité une prise d’otage démocratique, condamnée par une large partie des sociétés civiles togolaises.

Portées par ces griefs et ravivées par l’arrestation du rappeur contestataire Aamron [2], les manifestations massives qui ont lieu dans tout le pays sont violemment réprimées par les forces de sécurité togolaises : des blessés graves, des arrestations arbitraires, des disparitions inquiétantes... et au moins 7 morts, pour lesquelles plusieurs organisations de défense des droits humains et politiques togolaises exigent l’ouverture d’une enquête internationale sur la répression policière [3].

L’État français n’est pas seulement silencieux. Il est complice de cet écrasement. Il forme et arme depuis longtemps [4] les appareils répressifs du régime Gnassingbé.

La menace djihadiste et la guerre "contre le terrorisme" sont brandis par l’Union Européenne et Paris comme des arguments d’autorité, qui relèguent les droits humains au dernier plan, bien après la stabilité des dictateurs amis... et après les programmes de coopération sécuritaire avec les forces armées et policières togolaises. Ce sont ces mêmes forces "de l’ordre" qui répriment, tabassent et contrôlent la population à l’aide des armes dites non-létales... vendues ou prêtées par la France. Dans une opacité totale, le détail des transactions de matériel dit de sécurité est toujours absent du rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armement de la France [5].


Cette attitude des autorités françaises est typiquement néocoloniale et françafricaine. Cette tolérance généralisée envers la violence qui s’abat sur les Togolais-es est le résultat d’une négation raciste de leur droit à la vie et à la dignité. Cet héritage colonial conditionne également la capacité des métropolitain-es à percevoir les Africain-es comme des acteur-ices politiques maîtres de leur destin.

Survie soutient les aspirations à la souveraineté et à l’autodétermination exprimées par le peuple togolais. Les autorités françaises ne peuvent prétendre défendre les droits humains tout en soutenant et en armant des dictatures par intérêt ou par inertie diplomatique. L’ampleur de la violence qui s’abat sur les manifestant-es togolais-es exige l’arrêt immédiat de toute forme de coopération militaire et policière entre Paris et Lomé.

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